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Le couple Fillon entendu sur des soupçons d’emplois fictifs

Les policiers cherchent à déterminer si Penelope Fillon (à gauche) a bénéficié d'emplois fictifs au sein de La Revue des deux mondes et en tant qu'attachée parlementaire, comme l'a sous-entendu le Canard enchaîné la semaine dernière. KEYSTONE/AP/CHRISTOPHE ENA sda-ats

(Keystone-ATS) L’enquête sur les activités de Penelope Fillon s’est accélérée lundi après-midi avec l’audition de François Fillon et de son épouse. Celle-ci a duré environ cinq heures.

L’équipe du candidat de la droite à la présidentielle a confirmé dans la soirée qu’il avait été entendu, ainsi que sa femme, “comme il l’avait souhaité dès l’ouverture de l’enquête”. Il a indiqué qu’il avait apporté à la justice “des éléments utiles” permettant d’établir “le travail réalisé” par son épouse.

Son avocat, Me Antonin Lévy, a ajouté que François et Penelope Fillon étaient tous les deux sortis de cette audition “heureux (…) d’avoir pu restaurer leur honneur”, a-t-il dit sur BFM TV.

Les policiers cherchent à déterminer si Penelope Fillon a bénéficié d’emplois fictifs au sein de La Revue des deux mondes et en tant qu’attachée parlementaire, comme l’a sous-entendu le Canard enchaîné la semaine dernière.

Pas de trace

Selon l’hebdomadaire satirique, l’épouse de l’ancien Premier ministre a été rémunérée 500’000 euros pour son travail auprès de son mari puis de son suppléant et 100’000 euros pour sa collaboration à la revue. Mais le journal dit ne pas avoir trouvé trace de ses travaux.

Les deux volets de l’affaire ont été abordés lors de l’audition de lundi, a indiqué Me Lévy sur BFM TV. “Les enquêteurs ont reçu déjà un certain nombre d’éléments, ils en recevront d’autres encore dans les jours qui viennent, nous sommes convenus d’un envoi complémentaire de pièces”, a-t-il dit.

Il a ensuite assuré que “toutes les explications ont été fournies, sur le détail, sur la matérialité, sur l’importance considérable du travail qui a été réalisé”.

“Tangible”

Interrogé sur le travail exercé par Penelope Fillon comme attachée parlementaire de son mari puis de son suppléant, Me Antonin Lévy a toutefois laissé entendre qu’il n’était pas nécessairement “tangible”.

“Le travail de collaborateur parlementaire, c’est pas de fournir des notes à ses députés, c’est pas (…) de faire des documents de synthèse, c’est parfois quelque chose de moins tangible, de moins matériel, mais qui pour autant est tout aussi réel”, a-t-il dit. “C’est concrètement être la personne de confiance au quotidien qui accompagne (le député, NDLR).”

L’enquête a été très rapide depuis son ouverture, mercredi dernier. “La procédure suit un cadre normal mais va vite”, a reconnu lundi une source proche du dossier.

Signe de la célérité des enquêteurs, Marc Ladreit de Lacharrière, le propriétaire de La Revue des deux mondes, a été également entendu lundi matin. L’homme d’affaires, président de la holding Fimalac et proche du candidat de la droite à la présidentielle, a été interrogé à Nanterre (Hauts-de-Seine). Une perquisition avait eu lieu jeudi dans les locaux de sa revue.

Les enquêteurs avaient par ailleurs déjà entendu vendredi deux témoins, l’ex-directeur de la publication Michel Crépu et la journaliste Christine Kelly, auteure de la première biographie de François Fillon.

Dans la presse, Michel Crépu a déclaré que Penelope Fillon n’avait rédigé en un peu plus d’un an et demi que “deux notes de lecture” de moins d’une page chacune. Dans Le Monde de jeudi dernier, Marc Ladreit de Lacharrière a toutefois assuré qu’il avait également demandé à Penelope Fillon de “réfléchir” au devenir de la publication, qui voyait son chiffre d’affaires baisser.

Mise en examen?

A moins de trois mois du premier tour de la présidentielle, l’enquête menace François Fillon, qui a déclaré qu’il renoncerait à se présenter s’il était mis en examen.

L’enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits pourrait ne prendre que quelques semaines compte tenu de la simplicité du dossier.

L’enquête peut se solder par un classement sans suite si aucune charge n’est retenue contre les protagonistes, parmi lesquels François Fillon, son suppléant dans la Sarthe, qui a également versé des émoluments à son épouse, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, et Penelope Fillon, concernée pour recel.

Si les policiers concluaient à l’existence de charges susceptibles d’être reprochées à l’épouse du candidat, le PNF pourrait toutefois ouvrir une information judiciaire. Les investigations sous la conduite d’un juge d’instruction pourraient alors prendre des mois.

La chef du PNF pourrait aussi décider de “renvoyer l’affaire directement devant la tribunal correctionnel” pour tout ou partie des protagonistes, explique une source proche du dossier. Et un tel renvoi équivaudrait à une mise en examen.

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