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Le Grand Prix suisse de littérature décerné à Pascale Kramer

Selon l'Office fédéral de la culture, Pascale Kramer (photo) présente dans ses romans avec une grande lucidité "une humanité de gens simples, de destins inaccomplis" (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le Grand Prix suisse de littérature a été décerné jeudi soir à Pascale Kramer lors d’une cérémonie à la Bibliothèque nationale à Berne. Le ministre de la culture Alain Berset a remis la récompense de 40’000 francs à cette auteure qui a déjà dix romans à son compteur.

Pascale Kramer, âgée de 55 ans, fait tomber les préjugés, ce qui relève d’une prouesse dans un monde qui s’y accroche trop souvent, relève le conseiller fédéral dans son discours. Ses livres racontent des histoires individuelles qui font écho à des conflits plus larges et reflètent des enjeux politiques, sociaux et humains.

Elle présente avec une grande lucidité “une humanité de gens simples, de destins inaccomplis”, souligne l’Office fédéral de la culture (OFC) dans un communiqué. La romancière – née à Genève, mais qui a été élevée à Lausanne et vit maintenant en France – explore l’inquiétude, le malaise, les crises.

Dimension helvétique

Pascale Kramer “aborde de grandes questions d’ordre moral – justement parce que toute forme de moralisme lui est étrangère”, poursuit Alain Berset dans la version écrite de son allocution. “Elle s’attache à un détail, à une ombre dans le regard, à une inflexion de la voix. Et l’air de rien, dévoile tout”, comme dans “Onze ans plus tard”.

Même si ses histoires ne se déroulent pas en Suisse, à l’exception de “Retour d’Uruguay”, on pourrait toutefois voir “une dimension helvétique dans sa méfiance envers l’abus de pouvoir, dans son aptitude à mettre le doigt sur les fausses notes”, d’après Alain Berset.

Ses livres sont donc à leur manière politiques. A l’instar de son dernier roman “Autopsie d’un père”, où elle retrace l’histoire d’un journaliste de gauche qui vire à droite et qui toute sa vie va sans se rendre compte “intimider et blesser sa fille”, observe le conseiller fédéral.

Charles Linsmayer couronné

Le prix spécial de médiation va quant à lui au critique et historien de littérature zurichois Charles Linsmayer, âgé de 71 ans. Le jury a été touché par “la fougue qui anime l’action inlassable” de Charles Linsmayer.

Ses portraits d’auteurs “constituent une histoire démocratique de la littérature suisse, dans laquelle les figures marginales jouissent de la même estime que les auteurs reconnus”, selon l’OFC. Il recevra également 40’000 francs.

Les Prix suisses de littérature, également remis jeudi, avaient déjà été décernés en janvier. Laurence Boissier, Michel Layaz, Ernst Burren, Annette Hug, Jens Nielsen, Philippe Rahmy et Dieter Zwicky sont les sept lauréats. Les prix sont dotés de 25’000 francs.

Le jury a retenu des romans qui revisitent l’histoire ou se confrontent à l’actualité et qui auscultent les diverses composantes du quotidien. Ces auteurs bénéficieront aussi de mesures de soutien spécifiques afin de faire connaître leur ouvrage primé au niveau national.

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