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Le MAH prend soin d’objets d’art volés avant leur restitution

Cette tête de prêtre coiffé de sa tiare a été volée à Palmyre, en Syrie, et a été retrouvée par les douanes suisses dans un entrepôt des Ports francs de Genève. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Neuf objets archéologiques exceptionnels, provenant de pillages, sont présentés au public par le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH). Ils seront restitués à leurs pays d’origine lorsque la situation le permettra.

“Nous montrons des oeuvres qui ne devraient pas être là”, a expliqué mardi devant la presse le directeur du MAH Jean-Yves Marin. Ces objets sont “très beaux, mais ont été arrachés de leur contexte”. Le musée entend les conserver dans les meilleures conditions possibles en attendant leur rapatriement.

L’opération pourrait prendre un temps considérable. Trois oeuvres proviennent de Palmyre en Syrie, cinq autres du Yémen, et la dernière, une tête de femme, de Libye. Ces trois pays sont en proie à la guerre et au chaos. Or, comme le veut la procédure de restitution, ce sera à ces Etats d’entamer les démarches.

Les neuf antiquités exposées étaient entreposées aux Ports francs de Genève. Elles sont arrivées en Suisse entre 2009 et 2010, soit avant la chute de Kadhafi en Libye et le début de la guerre civile en Syrie. Les oeuvres ont été découvertes lors d’un contrôle de routine effectué par les douanes helvétiques en 2013.

Soupçons et dénonciations

“Nous avons constaté que les dossiers concernant ces objets étaient incomplets et que l’inventaire fait par les personnes qui les stockaient était mal tenu”, a relevé le directeur d’arrondissement des douanes de Genève, Jérôme Coquoz. L’Office fédéral de la culture a été informé. La justice genevoise est ensuite entrée en action.

Elle a ordonné la confiscation des neuf pièces en novembre dernier. Les oeuvres ont alors été confiées au MAH. Ce dernier a choisi de les présenter au public non seulement parce qu’elles sont exceptionnelles, mais aussi pour montrer que la lutte contre le trafic de biens culturels existe et s’intensifie même.

L’an dernier, les douanes ont procédé à 31 annonces auprès de l’Office fédéral de la culture, soit beaucoup plus que les 11 annonces de 2014 et que les 14 annonces de 2015, a noté M.Coquoz. La lutte contre le commerce d’objets issus de pillage est importante, car une partie des gains réalisés sert à financer le terrorisme.

Des clients

Ce trafic fonctionne, car au bout de la chaîne se trouvent des clients, motivés par des buts lucratifs ou par la passion de la collection, qui devient pour eux une addiction, a noté le conseiller administratif de la Ville de Genève Sami Kanaan, responsable du département municipal de la culture.

Le public pourra admirer, jusqu’à leur restitution, deux bas-reliefs funéraires et une tête de prêtre provenant de Palmyre, ainsi qu’une tête de femme, figurant semble-t-il Aphrodite, trouvée en Libye. Les vestiges appartenant au Yémen sont deux stèles anthropomorphes, une stèle inscrite, une statuette d’homme et un plateau de table de la période préislamique.

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