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Le Pen et Philippot se déchirent à la tête du FN

Marine Le Pen a plusieurs fois sommé Florian Philippot de renoncer à la présidence de son "laboratoire d'idées", Les Patriotes, ce à quoi l'intéressé répond pour l'instant par une fin de non-recevoir. KEYSTONE/AP/JACQUES BRINON sda-ats

(Keystone-ATS) Marine Le Pen et Florian Philippot ont fait un pas de plus mardi vers une possible rupture qui scellerait la fin de 8 ans de collaboration entre la présidente du FN et son ex-homme de confiance. Ce dernier est accusé de manifester des velléités d’émancipation.

La députée du Pas-de-Calais l’a plusieurs fois sommé de renoncer à la présidence de son “laboratoire d’idées”, Les Patriotes, ce à quoi Florian Philippot répond pour l’instant par une fin de non-recevoir.

“Si c’est le cas, je prendrai comme présidente du Front national mes responsabilités”, lui a répondu Marine Le Pen sur RTL, sans dire quelle pourrait être la nature de la sanction.

“Il sait, je crois, que la création des Patriotes au moment des législatives a créé une forme d’émoi au sein du Front national (…) et même certaines inquiétudes”, a-t-elle ajouté. “Je lui fais confiance pour lever ces ambiguïtés”, a encore déclaré l’ex-candidate à la présidentielle.

Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen formule cette injonction : elle l’avait déjà appelé à “clarifier” sa situation dans un entretien publié dans Le Parisien. Lundi, elle l’a à nouveau pressé de rentrer dans le rang lors d’une réunion de dirigeants frontistes à Nanterre (Hauts-de-Seine).

“Je ne comprends pas cette demande”

“Je lui ai répondu, ainsi qu’au bureau politique, que je ne comprenais pas du tout cette demande et que je ne pouvais donc pas y répondre”, a rétorqué mardi le vice-président frontiste sur BFM TV. “Je pense qu’on ne fera pas la refondation avec un pistolet sur la tempe”, a ajouté l’eurodéputé, entré au service de Marine Le Pen en 2009.

Le parti d’extrême droite peine à se relever de la défaite de sa candidate au second tour de la présidentielle, avec un score (33,9%) jugé décevant par de nombreux cadres.

Marine Le Pen a alors promis une “refondation”, qui se traduit depuis quatre mois par un débat parfois acerbe entre les partisans de Florian Philippot, attachés à la sortie de l’euro et favorables à une ligne “ni droite ni gauche”, et leurs opposants, pour qui un aggiornamento sur ces questions est indispensable à la conquête du pouvoir.

“En ce moment, on ne progresse pas, c’est évident. Parce qu’on n’est pas suffisamment audibles”, a encore dit le vice-président du FN sur BFM TV. “Je trouve que la refondation se passe mal.” Ce processus, qui pourrait aboutir à un changement de nom et de siège, est censé s’achever avec un congrès au mois de mars.

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