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Les armes explosives en zone peuplée peuvent être “imprévisibles”

Les armes explosives provoquent un nombre important de victimes et de dégâts sur les infrastructures (archives). KEYSTONE/EPA/MOHAMMED BADRA sda-ats

(Keystone-ATS) L’usage d’armes explosives en zone peuplée a augmenté largement ces dernières années, notamment en Syrie, tuant ou blessant plus de 33’000 personnes en 2015. Le degré de précision de ces engins peut être “imprévisible”, conclut une étude présentée lundi à Genève.

Il diffère “de manière significative” selon le système d’armes, indique le rapport du Centre international de déminage humanitaire de Genève (GICHD), publié après deux ans de travaux. Le document établi par 18 spécialistes internationaux décortique les effets des mortiers aux canons d’artillerie en passant par des canons de char, des lance-roquettes ou des bombes larguées par des avions.

Des facteurs comme la fabrication de l’arme, le niveau de la formation de l’opérateur, l’alignement, le contrôle de la qualité des munitions, la maintenance de l’arme ou l’expérience du tireur entrent en ligne de compte.

Un lance-roquette multi-canons non guidé de 122 mm à portée maximale peut avoir un impact humain et sur les infrastructures sur près de 20 hectares au moins. Une bombe aérienne guidée peut aussi provoquer des dégâts sur une zone importante malgré sa précision.

Plus de décès avec les mortiers et l’artillerie

Les mortiers et les canons d’artillerie sont eux peu adaptés aux zones peuplées où leur efficacité sur des cibles petites et mouvantes est limitée. Comme la plupart des autres systèmes d’armes indirects.

Ces armes provoquent deux fois plus de victimes que les bombes ou les lance-roquettes qui ont pourtant un impact sur un territoire plus large. Les canons de char sont responsables de moins de décès.

Parmi les effets des armes explosives, figurent le souffle, la chaleur et la fragmentation de la munition. S’ajoutent également les fragmentations secondaires et débris provoqués par l’impact. Les bâtiments peuvent atténuer ou renforcer ces conséquences et une salve de munitions peut combiner plusieurs effets.

Par ailleurs, le risque de décès augmente lorsque les individus tentent de s’abriter à l’intérieur de maisons, de voitures ou d’autres sites fermés. La pression du souffle peut provoquer aussi de nombreux désagréments pour la santé des habitants.

Explosion aérienne visée

En revanche, une recherche plus approfondie doit être menée sur les conséquences en fonction de la structure et du matériel des bâtiments. Des différences sont observées dans plusieurs régions.

Le rapport explique aussi que toutes les forces armées ne disposent pas des instruments pour évaluer les effets de l’utilisation d’armes explosives. Une analyse de la cible ou des vulnérabilités de l’environnement à proximité doivent notamment permettre de réduire l’impact et de choisir l’arme qui colle le plus à la situation.

Des ajustements sont possibles mais ils sont limités par les différents types d’armes. Ils sont même parfois utilisés pour renforcer le souffle et la fragmentation. Une explosion aérienne d’une arme de ce type peut aussi augmenter son effet jusqu’à 100%. Et tuer davantage d’habitants.

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