Des perspectives suisses en 10 langues

Les caisses de pension suisses ont vu leur rendement s’effriter

les caisses de pension ont bien digéré le choc de l'abolition du taux plancher de l'euro, mais les taux négatifs ont durablement affecté le 2e pilier (archives). KEYSTONE/AP/MARTIN MEISSNER sda-ats

(Keystone-ATS) Les caisses de pension suisses souffrent d’un environnement avec de bas taux d’intérêt, ainsi que de la faiblesse des marchés boursiers. Après un premier recul des rendements l’an dernier, elles ont encore subi une baisse sur les quatre premiers mois de l’année.

Entre janvier et avril, les caisses de pension suisses ont atteint un rendement de 0,1%, après 1,1% en 2015 (en moyenne pondérée), relève la société de conseils en investissements Complementa, qui présentait mercredi à Zurich son rapport annuel “Risiko Check-up”. La performance est faible comparée à la moyenne des trois années précédentes, qui s’élevait à 6,9%.

Les rendements ont ainsi été trop faibles pour maintenir stable le taux de couverture. Le taux moyen est passé de 105,6% en décembre 2014 à 103,4% une année plus tard.

A fin avril, il a encore perdu 0,8 point de pourcentage, à 102,6%. La marge par rapport à une situation de sous-couverture – comme celle qu’ont connu les caisses suisses entre 2008 et 2012 – se rétrécit, prévient la société de conseils.

Impact des taux négatifs

Ce recul est principalement dû à l’environnement de faibles taux d’intérêt, estime-t-elle. “Alors qu’il y a un an, les caisses de pension avaient bien digéré le choc de l’abolition du taux plancher de l’euro, les taux négatifs, introduits dans la foulée, ont durablement affecté le 2e pilier”, a souligné devant les médias Jürgen Rothmund, directeur d’études chez Complementa.

Quelque 70% des établissements interrogés ont ainsi indiqué avoir dû accroître leurs placements à risque. La part des investissements alternatifs – effectués particulièrement dans les infrastructures, les dettes privées et les titres financiers liés aux assurances (insurance linked securities) – est passée de 6,9% à 7,7%.

Les placements sûrs ne fourniront bientôt plus aucune contribution aux rendements, souligne Complementa. Avec -0,25%, les obligations de la Confédération à 10 ans se trouvent même dans le négatif. Une part encore plus large de 80% des sondés est ainsi d’avis que la gestion des risques va devenir plus importante.

Moins de risques de change

Par ailleurs, les caisses de pension continuent de remplacer les actions et obligations suisses par des titres étrangers, selon une tendance à long terme. Suite à l’abandon du taux plancher, elles ont en revanche réduit leurs risques de change en diminuant leurs positions en monnaies étrangères, dont la part s’est repliée de 1,1 point entre 2014 et 2015, à 17,7%.

Les caisses ont également réduit leurs positions de liquidités, qui sont passées de 6,1% à 5% sur un an. Dans le même temps, les titres à revenu fixe ont connu un léger recul de 0,2 point à 39%, dans la tendance de ces dernières années. Contrairement aux années précédentes, la part des actions n’a pas augmenté (-0,7 point), s’établissant à 29,5%, tandis que les investissements immobiliers ont progressé de 1,1 point à 18,2%.

Obligation de transparence

Depuis trois ans, les caisses doivent déclarer leurs coûts de gestion de la fortune. “Cette obligation de transparence représente certes un développement positif, mais il est faux d’en déduire que des frais plus élevés entraînent une baisse des rendements”, relève le rapport. Une réduction de coûts peut même devenir contreproductive, a expliqué M. Rothmund.

L’analyse des trois dernières années montre en effet que le quart des caisses de pension avec les coûts les plus élevés ont réalisé une performance supérieure à la moyenne. Des réductions de coûts ne régleront ainsi que très marginalement le problème de financement du 2e pilier, estime Complementa.

Dans le contexte actuel, la société de conseils en investissements note que les coûts de financement du 2e pilier, d’environ 2,7%, seront difficilement compensés par les revenus de placement, dont le potentiel de rendement à long terme est estimé à 2,3%. Le déficit de financement est ainsi évalué à 0,4%. “Les caisses de pension n’auront donc pas d’autre choix que de réduire les rémunérations”, conclut Complementa.

Le 22e rapport “Risiko Check-up” se base sur les réponses de caisses de pension gérant au total 496,3 milliards de francs. Ce montant représente 64% de la somme de bilan du 2e pilier.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision