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Les mondes picturaux de Monet à la Fondation Beyeler

L'exposition Monet, à la Fondation Beyeler à Riehen (BS), présente 62 toiles de l'artiste français, dont "Nymphéas" (1914-1917). KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) Une exposition de 62 toiles de Claude Monet (1840-1926) ouvre le programme marquant le vingtième anniversaire de la Fondation Beyeler, à Riehen (BS). C’est un regard sur les années de création entre 1880 et le début du XXe siècle.

C’est “une fête de la lumière et des couleurs” qui donne une vision de l’évolution artistique de Monet depuis sa phase impressionniste jusqu’aux célèbres toiles de nymphéas, a indiqué vendredi Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler. C’est un voyage à travers les mondes picturaux de l’artiste français. L’exposition est visible dès dimanche jusqu’au 28 mai.

Après la mort de sa première épouse en 1879, Claude Monet est entré dans une phase de réorientation. Sa période de pionnier de l’impressionnisme est terminée et il dispose désormais d’une certaine indépendance économique, ce qui lui permet de voyager et de donner de nouvelles impulsions à son oeuvre.

Révélation pour Kandinsky

L’exposition est organisée par thèmes. Elle s’ouvre sur “La Meule au soleil” (1891), une oeuvre qui a été une révélation pour Vassily Kandinsky (1886-1944). Pour ce pionnier de l’abstraction, il s’agissait de sa première confrontation avec ce qu’il considérait comme de la non-figuration. C’est en lisant le catalogue qu’il a appris que le motif de la peinture était une meule de foin qu’il dit avoir été “incapable de reconnaître”.

La deuxième salle regroupe des toiles représentant la Seine. On peut notamment voir “Coucher de soleil sur la Seine, l’hiver” (1880), un tableau qui préfigure les toiles des nymphéas. Le soleil couchant apparaît comme une boule de feu rouge et sa réflexion dans l’eau est rose et orange.

On y voit aussi plusieurs toiles dans les tons pastel représentant des paysages de berges avec des arbres, notamment “Jean-Pierre Hoschedé et Michel Monet au bord de l’Epte” (1887-1890). La troisième salle présente une série de toiles avec des peupliers. Dans “Les peupliers au bord de l’Epte” (1891), la limite entre l’eau et le rivage n’est presque pas discernable.

Côte d’Azur et Normandie

La quatrième salle regroupe des toiles peintes sur la Côte d’Azur en décembre 1883, à Antibes en janvier 1888 et en Normandie entre 1882 et 1885. On y voit aussi quelques exemples de la série “Matinée sur la Seine” de 1897 où Monet peint l’atmosphère changeante des matins sur le fleuve. La ligne séparant le motif et l’image réfléchie dans l’eau s’efface dans une sorte de brouillard.

La cinquième salle regroupe des oeuvres réalisées lors de trois voyages à Londres entre 1899 et 1901. Le peintre travaillait alors sur plusieurs toiles à la fois pour profiter des changements de luminosité et il les achevait ensuite à son retour en France. On peut notamment y voir “Le Parlement, coucher de soleil” (toile achevée en 1904).

Les nymphéas

Dans la dernière salle, le musée présente des oeuvres consacrées au bassin aux nymphéas du jardin de Giverny, le sujet préféré de Monet à partir de 1899. On peut notamment y voir “Nymphéas” (1916-1919) et le triptyque de la collection Beyeler “Le bassin aux nymphéas” (vers 1917-1920).

Lors de la présentation de l’exposition aux médias, Philippe Piguet, arrière-petit-fils de Claude Monet, a montré quelques photos de famille qui permettent de mieux définir l’artiste. “Sa vie et son oeuvre ne font qu’un”, a-t-il notamment déclaré.

Monet était un homme exigeant et qui fixait des règles strictes, comme de manger à 11h30 très précises. Il était ainsi interdit de “tutoyer les fleurs” du jardin de Giverny. Il aimait aussi “la qualité”, comme Ernst Beyeler, ce qui fait le lien entre les deux hommes, a souligné l’arrière-petit-fils de l’artiste.

“La clé du jardin mystérieux”

Claude Monet est l’un des principaux artistes de la collection permanente de la Fondation Beyeler. Selon celle-ci, Monet “a trouvé la clé du jardin mystérieux de la peinture moderne et a ouvert les yeux de tous à une nouvelle vision du monde”.

Les oeuvres présentées à Riehen viennent de musées européens, américains et japonais, dont le Musée d’Orsay de Paris, le Metropolitan Museum, le Museum of Modern Art de New York et la Tate de Londres. On y voit aussi quinze toiles provenant de collections privées qui ne sont que très rarement présentées au public.

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