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Les paysans condamnent la campagne de Pro Natura

La campagne de Pro Natura dépeint les agriculteurs suisses "comme les véritables pollueurs des eaux" du pays, estime l'Union suisse des paysans (photo symbolique). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) La campagne de Pro Natura “Stop aux pesticides dans nos eaux” lancée lundi est simpliste et tendancieuse, selon les paysans. L’agriculture suisse a consenti de gros efforts ces dernières années pour réduire l’utilisation de ces produits, se défendent-ils.

Jouant sur l’émotion et ne faisant pas la part des choses, la campagne de Pro Natura dépeint les agriculteurs suisses “comme les véritables pollueurs des eaux” du pays, dénonce mercredi l’Union suisse des paysans (USP) dans un communiqué.

Selon elle, la branche agricole met tout en oeuvre pour utiliser le strict minimum de pesticides. L’agriculture suisse soutient par exemple le plan d’action de la Confédération en matière de protection phytosanitaire ainsi que le postulat de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national relatif à la surveillance du glyphosate, rappelle l’Union.

Pas pire qu’à l’étranger

Les premières analyses de résidus sur les céréales et les oléagineux suisses se veulent rassurantes. Dans son rapport sur les indicateurs agro‐environnementaux pour les produits phytosanitaires publié en 2013, la Station fédérale de recherche Agroscope constate que les agriculteurs suisses n’utilisent pas plus de substances chimiques que leurs collègues à l’étranger.

L’USP souligne en outre qu’entre 40% et 50% des denrées alimentaires sont importées actuellement, dont certaines proviennent de régions qui se préoccupent peu de la protection de l’environnement. Il est trop facile de vouloir faire porter à l’agriculture suisse l’entière responsabilité du problème, argumentent les paysans.

2000 tonnes de pesticides

Dans sa campagne, Pro Natura affirme que près de 2000 tonnes d’herbicides, fongicides ou insecticides sont vendues chaque année en Suisse, dont 80 à 90% sont utilisées par l’agriculture.

Répandues sur les champs et les cultures, ces substances chimiques s’infiltrent dans les sols et plans d’eau, d’après l’organisation de défense de la nature. Pro Natura réclame ainsi l’interdiction des pesticides les plus toxiques et une forte réduction de ces substances dans l’agriculture.

Cocktail chimique

En 2014, une étude de l’Institut de recherche de l’eau du domaine des EPF (Eawag) avait révélé que les cours d’eau suisses contenaient un cocktail de pesticides. Une grande partie de ceux-ci provient de l’agriculture. Sur 104 substances retrouvées, 82 sont des produits phytosanitaires.

Près de 80% des échantillons montrait une concentration en pesticides supérieure à 1 microgramme par litre. Une trentaine de substances étaient jugées problématiques et dépassaient la limite de l’ordonnance sur la protection des eaux.

L’étude, menée sur mandat de la Confédération et publiée dans la revue “Aqua&Gas”, s’était penchée sur les rivières Menthue (VD), Salmsacher Aach (TG), Furtbach (ZH), Surb (AG) et Limpach (SO).

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