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Luca Aerni, un champion du monde enfin verni

(Keystone-ATS) Tous les astres étaient alignés lundi à St-Moritz pour Luca Aerni. Le Valaisan est devenu champion du monde du combiné alpin, bénéficiant d’une réussite qui l’avait toujours fui jusqu’ici.

Sa victoire ? Glanée avec un centième d’avance sur Marcel Hirscher. Sa qualification pour la seconde manche ? Arrachée au 30e rang – avec sept centièmes de marge sur la 31e place -, ce qui lui a permis de s’élancer sur une piste vierge en slalom. La piste, justement ? Dégradée dès les premiers passages, laissant quasiment désarmés ceux qui étaient en tête après la descente. Sa qualification pour ce combiné ? Accordée à la dernière minute dimanche par ses entraîneurs.

“Oui, c’est vrai que la chance a enfin été de mon côté”, a admis Luca Aerni. “Je n’ai pas vraiment été en veine ces derniers mois, mais tout s’est complètement inversé pour ce combiné. Et au final, je suis même ravi que la chance ait tourné en ma faveur aujourd’hui, et pas plus tôt pour une course moins importante. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut devenir champion du monde à domicile !”, a-t-il reconnu.

Le skieur de Crans-Montana avait été effectivement poissard lors de ses précédentes sorties en Coupe du monde en slalom. Il y avait montré de très bonnes choses, tout en se sabordant régulièrement avec l’une ou l’autre erreur. L’exemple le plus amer date de fin décembre à Madonna di Campliglio, où il avait le podium en poche avant d’enfourcher à quelques portes de l’arrivée.

Le fin nez des entraîneurs suisses

“Nous avons toujours su que Luca était un skieur très talentueux”, a noté Thomas Stauffer, l’entraîneur en chef des Suisses. “La saison dernière, ce sont des problèmes de dos qui l’ont handicapé. Et cet hiver, alors qu’il peut enfin skier sans douleur, c’est le manque de réussite qui l’a empêché de briller sur la durée. J’ai toutefois toujours été convaincu qu’il avait le potentiel pour réussir quelque chose de grand”, a ajouté le Bernois.

C’est ce gros potentiel en slalom qui a justement convaincu les coaches helvétiques de lui attribuer, dimanche en fin d’après-midi, la quatrième et dernière place pour le combiné. “La décision n’a pas été facile à prendre (réd: Luca Aerni était en concurrence interne avec Niels Hintermann et Nils Mani). Mais au final, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de voir Luca en slalom sur cette piste, s’il parvenait à limiter la casse en descente”, a expliqué Thomas Stauffer.

Suivant le plan espéré par ses entraîneurs, Luca Aerni a réussi, selon ses dires, “la manche parfaite en slalom”. Mais même s’il a rapidement été clair qu’il serait difficile d’aller le chercher, le Valaisan a expliqué qu’il avait douté jusqu’à la fin. “J’étais tellement nerveux que je me suis mis à trembler. Quand le dernier concurrent s’est élancé (réd: Romed Baumann, le leader après la 1re manche), je n’ai même pas réussi à le regarder descendre”, a-t-il raconté.

La frustration de Murisier

Parmi les rares coureurs à s’être bien débrouillé en slalom, Mauro Caviezel a pris une 3e place tout aussi inattendue que la victoire de son coéquipier. “Ma descente était vraiment mitigée (réd: 14e temps). Du coup, c’est paradoxalement en slalom que je suis allé chercher cette médaille. La piste n’était effectivement pas en très bon état, mais je ne me suis pas posé de questions et j’ai attaqué. Cela a passé, et je suis hyper content”, a déclaré le Grison, qui n’a échoué qu’à six centièmes de l’or.

La déception a, en revanche, été énorme chez Justin Murisier, 6e du jour. “Luca est un bon ami, mais j’ai de la peine à me réjouir pour lui. Le ski reste un sport individuel”, a lâché le Valaisan. “Après la descente, j’avais un très bon coup à jouer. Mais je suis passé complètement à côté du slalom, me montrant trop agressif sur cette neige molle”, a-t-il expliqué.

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