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Massacre évité pour 51 collégiens pris en otages près de Milan

Le chauffeur a agi comme un loup solitaire sans lien avec l'islamisme radical, selon les autorités italiennes. KEYSTONE/EPA ANSA/DANIELE BENNATI sda-ats

(Keystone-ATS) Les carabiniers italiens ont sauvé mercredi 51 collégiens pris en otages et menacés dans un bus près de Milan par leur chauffeur. L’homme, un Italien d’origine sénégalaise, a invoqué le sort des migrants africains morts en Méditerranée avant d’incendier le véhicule.

“C’est un miracle. Cela aurait pu être un carnage. Les carabiniers ont été exceptionnels pour bloquer le bus et faire sortir tous les enfants”, a déclaré le procureur de Milan, évoquant une scène digne d’un film d’action. Le chauffeur a été interpellé sous les chefs de “prise d’otages, massacre et incendie” avec la circonstance aggravante de “terrorisme”.

Agé de 47 ans, cet Italien sans histoire “a agi comme un loup solitaire” sans lien avec l’islamisme radical, a indiqué le chef de la cellule antiterrorisme de Milan.

Ses actes étaient “prémédités” depuis plusieurs jours. “Il voulait que le monde entier puisse parler de son histoire”, a-t-il expliqué. L’homme a posté sur YouTube une vidéo pour expliquer son action et “dire Afrique soulève-toi”.

Selon son avocat, le chauffeur, divorcé et père de deux enfants adolescents, a expliqué durant son interrogatoire qu’il “voulait faire un geste éclatant pour attirer l’attention sur les conséquences des politiques migratoires”.

“La faute de Di Maio et Salvini”

Les 51 élèves de deuxième année de collège à Crema voyageaient dans le cadre d’une sortie sportive avec trois accompagnateurs, quand le chauffeur a subitement changé de chemin prenant la direction de l’aéroport de Linate. La prise d’otages a duré plus d’une demi-heure.

“Personne ne sortira d’ici vivant”, a-t-il lancé, selon les témoignages de plusieurs enfants. Armé de bidons d’essence et d’un briquet, il leur a pris leur téléphone portable et a demandé aux accompagnateurs de les ligotter avec du fil électrique.

“J’ai perdu trois enfants en mer”, a affirmé le chauffeur, selon le témoignage d’un garçonnet diffusé par des médias italiens. “Il nous menaçait, disait que si nous bougions il verserait l’essence et allumerait le feu. Il n’arrêtait pas de dire qu’il y avait tant de personnes en Afrique qui continuaient à mourir et que c’était la faute de Di Maio et Salvini”, les deux vice-premiers ministres italiens, a raconté une fillette.

Un jeune garçon a pu récupérer le téléphone tombé à terre d’un camarade et donner l’alerte. Le chauffeur a forcé un premier barrage de deux véhicules de police, avant d’être bloqué contre un parapet par trois autres voitures.

Faisant face à deux carabiniers, l’homme a alors mis le feu au bus. Des carabiniers ont brisé des vitres à l’arrière du bus pour faire descendre les enfants, hurlant et pleurant. Une douzaine d’enfants et deux des adultes ont été conduits à l’hôpital après avoir été légèrement intoxiqués par la fumée.

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