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Ne vous couchez pas fâché, les émotions négatives s’enracinent

Les souvenirs sont plus dispersés dans le cerveau après une nuit de sommeil (archives). KEYSTONE/CHRISTOF SCHUERPF sda-ats

(Keystone-ATS) Les souvenirs liés à des émotions négatives sont plus difficiles à oublier après une nuit de sommeil, montre une étude en neurosciences publiée mardi. Et une seule nuit suffit pour diminuer la capacité à supprimer des souvenirs non souhaités.

“Avec la consolidation (des souvenirs) qui a lieu pendant la nuit, de rapides changements se produisent dans l’organisation de la mémoire émotionnelle”, explique un article, publié dans la revue scientifique Nature Communications.

L’équipe de sept chercheurs, basés en Chine, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, a demandé à un groupe de 73 étudiants de sexe masculin de mémoriser des associations entre des paires d’images: des photographies montrant un visage neutre d’une part et des images provoquant la répulsion d’autre part.

Ils leur ont ensuite montré de nouveau les clichés de visages, en leur demandant d’éliminer volontairement le souvenir négatif qu’ils y avaient associé. La même activité a ensuite été répétée le lendemain, avec d’autres images.

Souvenirs dispersés dans le cerveau

“Les résultats ont montré que les participants avaient plus de mal à supprimer les souvenirs négatifs après une nuit de sommeil”, expliquent les auteurs.

Pendant l’expérience, ils ont mesuré l’activité du cerveau des participants. Cela leur a permis d’observer que “les circuits neuronaux impliqués dans l’élimination des souvenirs, initialement centrés sur l’hippocampe, sont ensuite devenus plus dispersés dans le cerveau, un changement qui semble être ce qui rend les souvenirs négatifs plus difficiles à supprimer”.

Des études précédentes sur le contrôle cognitif avaient montré que les gens pouvaient éliminer des souvenirs de façon volontaire. On ne connaissait toutefois pas l’influence du sommeil sur cette capacité, a expliqué à l’AFP Yunzhe Liu, de l’institut pour la recherche sur le cerveau de Pékin.

Ces résultats impliquent aussi “qu’il y a peut-être des raisons neurobiologiques qui expliquent la difficulté à éliminer des souvenirs et des émotions négatifs dans des cas de troubles affectifs” tels que le syndrome de stress posttraumatique, ajoute l’article.

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