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ONU: Berne déplore “un coup dur” avec le retrait américain à Genève

L'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève, Valentin Zellweger, s'attend à ce que le départ des Etats-Unis ait d'importantes conséquences sur le Conseil des droits de l'homme (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Suisse, UE ou Chine ont tous déploré le départ américain du Conseil des droits de l’homme. A l’inverse, Israël s’en félicite. Pour l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU à Genève, “c’est un coup dur pour la défense des droits humains dans le monde”.

“Leur voix va nous manquer”, affirme dans un entretien accordé mercredi à l’agence Keystone-ATS Valentin Zellweger. “Au sein du Conseil, ils étaient les champions de la défense des droits humains”. Et plus largement, le système multilatéral actuel est dû “en grande partie à l’impulsion des Etats-Unis”, fait remarquer l’ambassadeur.

Pour autant, M. Zellweger réfute l’affirmation de certains selon laquelle les Etats importants comme la Chine ne seront plus ciblés dans les discussions du Conseil. “Les Etats-Unis ne sont pas les seuls” à s’attaquer aux violations de ces pays, dit-il.

Pour le moment, il est trop tôt pour préjuger quelles seront les conséquences que l’ambassadeur estime “importantes”. Première certitude, le siège américain devrait revenir à un Etat européen.

Visés par plusieurs pays

Les Etats-Unis ont annoncé mardi qu’ils se retiraient de l’instance établie à Genève, qu’ils accusent d'”hypocrisie” et de parti pris contre Israël. Pour la Suisse, une discussion sur une réforme du Conseil doit être soutenue comme prévu en 2021. “Mais celle-ci doit avoir lieu de l’intérieur. Les Etats doivent participer activement. C’est ce que nous faisons”, insiste l’ambassadeur.

L’administration de Donald Trump a été critiquée à plusieurs reprises par le Haut-commissaire aux droits de l’homme Zeid Raad al-Hussein, notamment sur son discours nationaliste et sa politique migratoire. “Je ne pense pas que les Etats-Unis vont en profiter pour se soustraire à leurs obligations”, pense M. Zellweger.

“Ils ont ratifié un grand nombre de traités en matière des droits humains et ils se sont engagés à ne pas changer leur politique”, dit-il. Outre la Suisse, plusieurs acteurs ont déploré la décision américaine.

Mercredi devant le Conseil des droits de l’homme, la représentante bulgare, dont le pays assure la présidence de l’UE, a déploré une décision “qui risque de réduire le rôle des Etats-Unis” sur la scène internationale. Elle a réaffirmé le soutien européen à l’instance onusienne.

Chine parmi les Etats “déçus”

De même que la Chine, souvent ciblée par des défenseurs des droits humains, qui s’est dite “déçue” par l’annonce américaine. Egalement à Genève mercredi, le président slovène Borut Pahor a appelé à trouver un moyen de collaborer.

Le retrait américain “est une mauvaise nouvelle” pour ce Conseil, pour l’ONU, pour les Etats-Unis et “pour toute personne qui défend les droits humains”, a-t-il affirmé. L’effort de ce pays sur ces droits sera moins important, a-t-il ajouté.

Son ambassadeur à l’ONU à Genève, qui préside le Conseil en 2018, a tenu à être clair. “Si les problèmes de droits humains ne sont pas discutés ici, dans cette salle, il y a peu de chances qu’ils le soient de manière significative ailleurs”, a affirmé Vojislav Suc.

Israël satisfait

De son côté, Israël se félicite de la décision américaine de se retirer du Conseil. “Depuis des années, le Conseil des droits de l’homme a prouvé qu’il était une organisation anti Israël biaisée, hostile, qui a trahi sa mission de défendre les droits humains”, ont soutenu les services du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le Conseil a été lancé en 2006 pour promouvoir et protéger les droits humains à travers le monde, mais ses rapports ont souvent contredit les priorités américaines. Les Etats-Unis ne l’avaient rejoint que sous la période de l’ancien président Barack Obama.

Outre leur accusation liée à Israël, partagée ces derniers jours par la Grande-Bretagne, ils demandaient depuis un an une facilitation de l’exclusion de certains Etats du Conseil par l’Assemblée générale. Et des conditions d’élection plus strictes des membres.

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