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Philippines: manifestations après l’arrestation d’une opposante

Certains manifestants ont averti des risques de retour à une dictature, au 31e anniversaire de la chute du dictateur Ferdinand Marcos en 1986. KEYSTONE/EPA/MARK R. CRISTINO sda-ats

(Keystone-ATS) Des milliers de personnes, auxquelles s’est joint l’ex-président Benigno Aquino, ont manifesté samedi à Manille contre la brutale guerre antidrogue du président philippin Rodrigo Duterte. Cela au lendemain de l’arrestation de sa principale opposante.

Les manifestants ont dénoncé le meurtre de milliers de personnes soupçonnées de trafic de drogue. Certains ont averti des risques de retour à une dictature, au 31e anniversaire de la chute du dictateur Ferdinand Marcos en 1986 après la “Révolution du peuple”.

Parallèlement, des centaines de supporteurs de Duterte commençaient à se regrouper pour une veillée de soutien à la guerre antidrogue, à laquelle les organisateurs ont appelé “un million” de participants.

Contre “la montée du fascisme”

“Nous lançons une mise en garde contre la menace de la montée du fascisme”, a déclaré en matinée Bonifacio Ilagan, venu à la tête d’un millier de manifestants dénonçant la guerre antidrogue devant le siège de la police nationale où a été emprisonnée vendredi la sénatrice Leila De Lima.

Ce dramaturge, durement torturé dans les années 1970 sous Marcos, a dénoncé “la culture de l’impunité” engendrée par cette guerre antidrogue de M. Duterte.

Venu avec quelque 2000 autres manifestants, M. Aquino s’est élevé contre l’emprisonnement de Mme De Lima, ex-ministre de la Justice sous sa présidence.

Il a également rejeté des accusations formulées par des porte-parole de M. Duterte évoquant un complot pour déstabiliser le nouveau président. “Comment pourrions-nous provoquer une déstabilisation alors qu’en réalité nous proposons notre aide”, a lancé M. Aquino. Des images de télévision ont montré la police arrosant une centaine de manifestants pour les repousser, sans faire de victimes.

“Prisonnière d’opinion”

Mme De Lima avait dénoncé la veille une volonté de la faire taire, récusant les accusations de trafic de drogue à l’origine de son arrestation. Amnesty International a estimé qu’elle devrait être considérée comme une prisonnière d’opinion.

En 2009, alors à la tête de la commission des droits de l’homme, elle avait ouvert une enquête sur les agissements de M. Duterte à Davao (sud) dont il a longtemps été maire. Il est soupçonné d’y avoir orchestré ou toléré des escadrons de la mort qui ont visé des criminels présumés et des enfants des rues, tuant plus de 1000 personnes.

Depuis l’entrée en fonction de M. Duterte fin juin 2016, la police a annoncé avoir tué 2555 suspects tandis qu’environ 4000 autres personnes ont été abattues dans des circonstances non élucidées.

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