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Saint-Gall: un footballeur condamné à la suite d’une action de jeu

Les contacts physiques ne sont pas rares lorsque le gardien de but sort de son goal (archives). KEYSTONE/APA/APA/HANS PUNZ sda-ats

(Keystone-ATS) Un footballeur de ligue inférieure a été condamné par la justice st-galloise à une peine pécuniaire avec sursis pour lésions corporelles. Il est très rare qu’un fait de jeu finisse devant un tribunal et même exceptionnel qu’il débouche sur une condamnation.

Depuis quinze ans qu’il travaille au Département juridique de l’Association suisse de football (ASF), Robert Breiter n’a connu que cinq cas semblables, toutes ligues confondues, a-t-il indiqué jeudi à l’ats. Parmi eux, au plus haut niveau, ceux, bien connus, ayant opposé Gabet Chapuisat à Lulu Favre en 1985 ou Sandro Wieser à Gilles Yapi en 2014.

Ces deux cas exceptés, l’affaire jugée mercredi est la première qui aboutit à une condamnation, à la connaissance de Robert Breiter. Le Tribunal de district de Wil (SG) a reconnu le gardien de but amateur coupable de lésion corporelle par négligence, fixant sa peine pécuniaire à dix jours-amende à 30 francs, avec sursis.

Carton jaune, pénalty… et procès

L’accusé devra en outre verser 6000 francs d’indemnité à sa victime, un attaquant qui ne pourra plus rejouer au football après cette blessure. Il devra aussi s’acquitter d’une caution pour d’éventuels frais supplémentaires.

Les faits remontent au mois de mai 2016. La deuxième équipe du FC Henau recevait alors une équipe amateur du FC Wil, en 4e ligue. Dans la surface de réparation, l’attaquant d’Henau est percuté au genou en pleine course par le gardien de Wil, jambe et crampons en avant.

La faute grossière ne vaut qu’un carton jaune au gardien et un pénalty en faveur de l’équipe adverse. Le joueur blessé est, lui, aussitôt hospitalisé et opéré. Placé en arrêt maladie pendant plusieurs mois, il reste aujourd’hui encore limité dans sa mobilité.

Mélange de genres dénoncé

Le juge unique du tribunal a qualifié la faute du gardien de “violation crasse des règles de jeu”. Le joueur a manqué à son devoir de précaution. Ce jugement fixe une limite entre dureté autorisée et excessive, estime le juge qui ajoute: “j’espère que cela servira le football.”

Au football peut-être, mais assurément “pas à la justice”, affirme le juriste spécialisé dans le sport Rolf Müller. La décision du tribunal de Wil pourrait entraîner une vague de plaintes pour des fautes commises durant les matches. “Ce genre d’affaire devrait être réglé directement sur la pelouse ou à l’interne (de l’association sportive concernée), et non pas au tribunal”, conclut-il.

“Tout duel durant un match de foot, même lorsqu’il tourne mal, ne devrait pas mener à une condamnation pénale”, affirme-t-il dans un entretien avec le Blick am Abend jeudi. Et Robert Breiter, de l’ASF, de préciser qu’il faut clairement distinguer une agression ou voie de fait survenant sur le terrain, mais hors du jeu proprement dit, d’une blessure occasionnée par un contact dans le cours du jeu.

Autant, dans le premier cas, une procédure judiciaire s’explique et les cas ne sont pas exceptionnels, précise le responsable de l’ASF. Autant il paraît déplacé de faire appel à la justice pénale pour régler ce qui n’est rien d’autre qu’un fait de jeu, ajoute-t-il.

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