Des perspectives suisses en 10 langues

Six ans et neuf mois de prison requis contre Dieter Behring

L'ex-financier bâlois Dieter Behring, 61 ans, assiste à son procès à Bellinzone (Archives). KEYSTONE/TI-PRESS/PABLO GIANINAZZI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Ministère public de la Confédération a requis vendredi six ans et neuf mois de prison contre l’ex-financier Dieter Behring. Il a demandé que le Bâlois soit reconnu coupable d’escroqueries par métier et de blanchiment d’argent.

Dieter Behring est un “gourou de la bourse”, qui a pour habitude de rejeter la responsabilité sur les autres tout en manifestant à son propre égard beaucoup de complaisance. Son procès, qui s’est ouvert début juin, n’est pas un procès politique, mais une procédure normale, a souligné le procureur lors de son réquisitoire.

L’ex-financier bâlois est accusé d’avoir abusé de la confiance de près de 2000 personnes entre septembre 1998 et octobre 2004. Sa déconfiture, d’une ampleur sans précédent, a laissé un trou de plus de 800 millions de francs.

Lors de son intervention, le procureur fédéral s’est attaché à démontrer le parcours des fonds gérés par l’accusé. Il a relevé que c’est bien Dieter Behring qui avait le pouvoir de décision. Sur les pièces listées par le Ministère public de la Confédération (MPC) figure constamment la signature du Bâlois.

Système boule de neige

Une analyse des flux financiers montre que l’argent confié à Dieter Behring n’était pas directement investi dans des opérations financières. Tout dénotait la mise en place d’un système “boule de neige”. Les fonds des nouveaux investisseurs servaient à boucher les trous financiers, a affirmé le représentant du MPC.

M.Behring a menti aux investisseurs en leur affirmant que son modèle financier était éprouvé. En réalité, le financier avait déjà connu des revers et ses sociétés avaient fait faillite dans les années nonante. Des procédures ont été lancées contre lui, mais Dieter Behring n’a jamais été jugé.

Prescription pas acquise

En ce qui concerne la prescription, le procureur a indiqué qu’elle n’est pas acquise selon lui. Les actes reprochés à l’accusé doivent être considérés comme formant un tout.

Par conséquent, le délai de prescription de quinze ans n’a commencé à courir qu’à partir du dernier acte délictueux commis par Dieter Behring. Si la procédure a tant duré, c’est en raison de la complexité du cas, a soutenu le procureur.

Ce dernier a aussi indiqué qu’il allait demander une créance compensatrice de l’ordre de 150 millions de francs afin d’assurer un dédommagement en faveur des lésés.

Plainte contre Michael Lauber

Mais Dieter Behring a contre-attaqué. Présent à Bellinzone, le chef de l’information du MPC, André Marty, a confirmé qu’une plainte contre le procureur de la Confédération Michael Lauber a bien été déposée par le défenseur choisi par l’ex-financier.

L’avocat accuse le procureur de la Confédération de faux témoignage. Dans le cadre des questions préjudicielles, le haut magistrat avait été interrogé et avait nié l’existence d’actes d’accusation contre neuf ex-coaccusés de Dieter Behring.

Au cours du procès, un ex-collaborateur du MPC avait donné une autre version et indiqué qu’il y avait bien eu des ébauches d’actes d’accusation contre ces neuf personnes. La plainte contre le procureur de la Confédération a été transmise vendredi au MPC par le Tribunal pénal fédéral.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision