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Turquie: le parquet requiert 142 ans de prison pour le chef kurde Demirtas

Selahattin Demirtas affirme être puni pour s'être opposé au projet de présidentialisation du système voulu par Recep Tayyip Erdogan. KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Le parquet turc a requis mardi jusqu’à 142 ans de prison contre Selahattin Demirtas, co-président du principal parti prokurde, ont rapporté les médias. Il est accusé d’appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement interdit.

Le parquet de Diyarbakir (sud-est) a en outre requis jusqu’à 83 ans d’emprisonnement pour Mme Fiden Yüksekdag, qui copréside avec M. Demirtas le Parti démocratique des peuples (HDP), selon l’agence progouvernementale Anadolu. Ils avaient été arrêtés en novembre avec une dizaine d’autres députés du parti dont l’immunité avait été levée.

Ils sont accusés d’appartenir ou de soutenir le PKK, qui mène depuis trois décennies une lutte armée pour demander davantage de droits et d’autonomie pour les Kurdes. L’organisation est classée “terroriste” par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Puni pour s’être opposé à Erdogan

Le HDP a toujours nié farouchement être une vitrine politique pour le PKK. M. Demirtas affirme être puni pour s’être opposé au projet de présidentialisation du système voulu par Recep Tayyip Erdogan.

La semaine dernière, le charismatique député HDP avait fait parvenir au Parlement turc un texte dans lequel il affirmait que le débat et le vote de ce projet en cours à la Chambre étaient faussés par l’absence des députés prokurdes emprisonnés.

Selon Anadolu, M. Demirtas est poursuivi sous les accusations de “diriger une organisation terroriste”, “diffusion de propagande” favorable à la rébellion kurde, et “incitation à la haine et à l’hostilité”.

Surnommé par certains le “Obama kurde”, Selahattin Demirtas est devenu un acteur-clé de la scène politique turque et a réussi à transformer le HDP en une formation de gauche moderne, lui permettant de devenir le deuxième parti d’opposition en Turquie.

Les violences entre le PKK et Ankara ont repris à l’été 2015 après l’effondrement d’un fragile cessez-le-feu qui visait à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40’000 morts depuis 1984.

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