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Un sommet de l’UE sous le signe de l’incertitude

David Cameron (g) accueilli par Jean-Claude Juncker avant un Sommet à Bruxelles. KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET sda-ats

(Keystone-ATS) Le Brexit était sur toutes les lèvres mardi à l’ouverture du sommet de l’UE. Ses dirigeants pressent Londres à enclencher son départ “rapidement” et sans négociation “à la carte”. Mais les incertitudes ne sont pas levées pour autant.

“Il faut engager le plus vite possible la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et ensuite engager les négociations qui suivront”, a martelé le président français François Hollande en arrivant au sommet des chefs d’Etats de l’UE à Bruxelles.

“L’UE est assez forte pour surmonter le départ de la Grande-Bretagne, elle est assez forte pour continuer à aller de l’avant même à 27 membres”, a voulu rassurer de son côté la chancelière allemande Angela Merkel.

La même volonté de célérité était affichée du côté de l’UE. Le président de la Commission Jean-Claude Juncker a exclu la moindre “négociation secrète” sur les modalités et le calendrier du divorce. Le Parlement s’y est mis aussi et a adopté massivement une résolution non contraignante enjoignant Londres de notifier “immédiatement” son futur départ.

Tous les dirigeants ont souligné qu’il n’y aurait pas de négociation sans déclenchement par le Royaume-Uni du désormais fameux article 50 du traité de Lisbonne, qui formalisera le retrait de l’UE.

A ce propos, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a demandé une clarification rapide. Or, “nous recevons des messages contradictoires de Londres”, a-t-elle regretté. Le paysage politique britannique est confus.

Divorce constructif?

Face à ces pressions, le premier ministre britannique démissionnaire, David Cameron, devrait réitérer sa position: il reviendra à son successeur de se charger de la procédure de séparation et des pourparlers. Son nom ne devrait pas être connu avant le 9 septembre. Donc, pas de demande formelle avant cette date.

A son arrivée, le conservateur s’est contenté d’exprimer l’espoir que la sortie du Royaume-Uni de l’UE soit négociée de manière “aussi constructive que possible”. Il a aussi plaidé pour des relations étroites à l’avenir.

Dîner à 28…

Lors du dîner de travail prévu mardi soir avec ses homologues, il aura en tout cas fort à faire pour s’expliquer sur l’échec du référendum.

Les dirigeants européens ont certes pris soin à plusieurs reprises de désamorcer toute idée de “revanche”. Mais la Grande-Bretagne ne doit pas espérer un traitement de faveur. “Celui qui sort de la famille ne peut pas s’attendre à ce que tous ses devoirs disparaissent et que ses privilèges soient maintenus”, a ainsi déclaré Mme Merkel.

Personne ne s’attend à des décisions concrètes. Mais quelques principes devraient ressortir de cette discussion, selon un diplomate de haut rang: “prendre acte du résultat du référendum, insister sur le fait que dans cette situation le traité de Lisbonne définit un cadre juridique ordonné”.

…et petit-déjeuner à 27

Et le lendemain, au petit-déjeuner, David Cameron ne sera plus là. Le président du Conseil européen Donald Tusk réunira de façon informelle les 27 autres dirigeants. La discussion portera sur les conséquences de la séparation britannique et de l’avenir des relations avec le Royaume-Uni.

Le même jour, une invitée de dernière minute rejoindra Bruxelles: la première ministre écossaise, l’indépendantiste Nicola Sturgeon, dont le pays a voté en faveur d’un maintien dans l’UE. Elle rencontrera le président du parlement européen. Elle souhaite aussi présenter les points de vue de l’Ecosse devant la Commission européenne.

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