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Une foule immense rend hommage à l’ex-président irakien Talabani

Jalal Talabani était un défenseur de la cause kurde de la première heure. KEYSTONE/EPA/GAILAN HAJI sda-ats

(Keystone-ATS) Des dizaines de milliers de personnes, dont des dirigeants irakiens et kurdes, ont rendu un vibrant hommage à l’ex-président d’Irak, le Kurde Jalal Talabani. Ses funérailles ont eu lieu vendredi au Kurdistan.

Portant des drapeaux verts de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) avec l’effigie du fondateur du parti, Jalal Talabani, ils ont bloqué durant trois heures le cortège qui devait se rendre de l’aéroport à la grande mosquée de son fief de Souleimaniyeh, une province du Kurdistan dans le nord de l’Irak.

Des gens pleuraient, voulaient embrasser la voiture transportant le cercueil en criant “yekdaka” (“juste un moment” en kurde), qui a dû frayer son chemin pour parvenir à la mosquée.

Vétéran de la cause kurde, Jalal Talabani est mort mardi en Allemagne à l’âge de 83 ans, après y avoir été hospitalisé d’urgence.

Dérogation

L’avion d’Iraqi Airways transportant sa dépouille a atterri dans la matinée à Souleimaniyeh, en dérogation à l’interdiction des vols internationaux imposé au Kurdistan par le pouvoir à Bagdad pour riposter au référendum d’indépendance organisé fin septembre dans cette région autonome.

Le tapis rouge a été déroulé et une haie d’honneur s’est formée sur le tarmac de l’aéroport. La veuve de Jalal Talabani, Hero, est descendue de l’appareil accompagnée de ses deux fils.

Sous des tentes blanches installées à proximité ont pris place son vieil adversaire, le président du Kurdistan Massoud Barzani, le Premier ministre kurde Nechervan Barani, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif ainsi que représentants politiques kurdes de Syrie, d’Iran et de Turquie.

Ferveur inédite

L’actuel président d’Irak, le Kurde Fouad Massoum, et le ministre irakien de l’Intérieur Qassem Al-Araji ainsi que le président du Parlement irakien, Salim al-Joubouri, étaient également présents, alors que le pouvoir central et le Kurdistan sont en crise ouverte depuis le référendum très controversé du 25 septembre.

Les personnalités ont déposé des couronnes de fleurs sur le cercueil recouvert du drapeau kurde, rouge blanc et vert avec un soleil au centre. Les hymnes nationaux irakien et kurde ont été joués. Le cercueil a été ensuite transporté à la mosquée.

C’est la première fois depuis la chute de la royauté en Irak en 1958 que l’enterrement d’un président a suscité une telle ferveur, car beaucoup de ses prédécesseurs sont morts exécutés ou en exil.

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