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Une série TV pour empêcher la migration nigériane

Le partenariat migratoire entre Suisse et Nigéria prévoit la lutte contre le trafic de drogue entre polices des deux pays. Et désormais une série TV (image symbolique). Keystone/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) La Confédération veut dissuader des migrants nigérians de venir en Suisse à l’aide d’une série TV. L’équipe de tournage vient du Nigéria, les fonds sont suisses: 450’000 dollars pour 13 épisodes. Les défenseurs des réfugiés ne sont pas convaincus.

Soutenir des campagnes d’informations ou des films destinés aux candidats à la migration en Suisse n’est pas un phénomène nouveau. Ces dix dernières années, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a financé plusieurs projets en ce sens, au Cameroun, au Kosovo, au Maroc, en Tunisie ou en République démocratique du Congo, pour des montants oscillant entre quelque 100’000 et 500’000 dollars.

Le SEM soutient désormais une série TV nigériane dont le titre de travail est “Missing steps”. L’idée est venue des autorités du Nigéria elles-mêmes. Elle est apparue dans le cadre du partenariat migratoire mis en place entre la Suisse et le pays d’Afrique de l’Ouest en 2011. Ce dernier prévoit notamment une aide au retour volontaire, ainsi qu’une coopération entre polices contre le trafic de drogues.

Le projet de série TV a vu le jour en 2013. Quatre ans plus tard, l’équipe de tournage nigériane est à pied d’oeuvre en Suisse. Avec la collaboration de l’industrie nigériane du film et de l’Organisation internationale pour les migrations, le SEM entend toucher un large public.

Informer

Il ne s’agit pas de dissuader, mais de donner des informations objectives, a expliqué un porte-parole du SEM, Lukas Rieder, lors de l’émission “10vor10” de la télévision alémanique SRF de lundi. “On a constaté que le manque ou les fausses informations sont un des principaux problèmes qui conduisent à la migration irrégulière”.

On peut combattre ce phénomène par des campagnes d’informations ou des communications officielles. “Mais nous avons décidé d’utiliser ‘Nollywood’, afin de toucher le plus de monde possible”, a-t-il indiqué. D’après les données de l’UNESCO, l’industrie nigériane du film a dépassé celle des Etats-Unis et est désormais la deuxième au monde après l’Inde et son Bollywood.

Lutter contre les causes

Ce projet ne convainc pas l’Organisation d’aide aux réfugiés (OSAR). Il ne faut pas croire qu’un film va dissuader les gens d’émigrer, a dit mardi à l’ats le porte-parole de l’OSAR Stefan Frey. Les campagnes de sensibilisation ne sont utiles que lorsqu’elles font partie d’une stratégie globale.

“Par exemple, lutter contre les causes de la migration, au niveau diplomatique notamment, afin d’améliorer la situation des droits de l’homme”, poursuit M. Frey. Mais aussi au niveau économique, car l’argent du pétrole nigérian n’arrive pas jusqu’ au peuple”. La situation est trop complexe pour pouvoir empêcher la migration avec un film.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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