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Vivre dans un milieu défavorisé fait perdre deux années de vie

La précarité - ici une mendiante à Berne - réduit l'espérance de vie de deux ans, selon ces chercheurs, qui plaident pour qu'elle soit mieux prise en compte dans les politiques de santé (archives/image symbolique). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Vivre dans des conditions socio-économiques défavorables fait perdre deux années de vie, soit presque autant que la sédentarité. C’est le constat d’une étude avec participation lausannoise publiée mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

En passant en revue 48 études effectuées aux Etats-Unis, en Australie et dans plusieurs pays européens, des chercheurs ont découvert que de mauvaises conditions socio-économiques – comme le fait d’avoir un travail peu qualifié ou un faible niveau d’éducation – pouvaient réduire l’espérance de vie moyenne d’une personne de 2,1 années.

Le tabagisme est pour sa part associé à une perte d’espérance de vie de 4,8 ans, le diabète de 3,9 ans et la sédentarité de 2,4 ans. L’étude, à laquelle est associé le Centre hospitalier universitaire vaudois à Lausanne (CHUV), a été réalisée dans le cadre du projet Lifepath, consacré au vieillissement et financé par la Commission européenne.

“Nous savons que l’éducation, le revenu et le travail affectent la santé, mais peu d’études en ont évalué l’importance”, note le Pr Mika Kivimaki de l’University College de Londres, qui a participé à l’étude.

Impact important

Les chercheurs soulignent que les conditions socio-économiques peuvent être modifiées par des politiques locales, nationales ou internationales et que l’impact de ces changements sur l’espérance de vie peut être plus important que des aides à l’arrêt du tabac ou des conseils diététiques. Ce type d’interventions bénéficie en effet davantage aux personnes privilégiées.

“Le statut socio-économique est important parce qu’il est un résumé d’une exposition, pendant toute une vie, à des conditions et des comportements dangereux”, relève de son coté Paolo Vineis, chef du projet Lifepath.

Facteur de risque central

L’objectif de Lifepath est de comprendre les mécanismes biologiques par lesquels les inégalités sociales engendrent des inégalités en matière de santé. Ces travaux ont porté sur un total de 1,7 million de personnes en Suisse, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, Italie, Portugal, France et Australie, précise le CHUV dans un communiqué.

“Compte tenu de l’énorme influence du statut socio-économique sur la santé, il est important que les gouvernements le reconnaisse en tant que facteur de risque central et cessent de l’exclure des politiques sanitaires”, conclut Silvia Stringhini, du CHUV, première auteure de cette recherche, citée dans le communiqué.

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