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Washington regrette sa frappe en Syrie mais critique Moscou

La frappe, qui a tué des dizaines de soldats syriens, "n'était pas intentionnelle et nous regrettons bien sûr les pertes en vies humaines", a affirmé Samantha Power à la presse. Elle s'est livrée ensuite à une violente critique contre Moscou (archives). KEYSTONE/AP/JUSTIN LYNCH sda-ats

(Keystone-ATS) L’ambassadrice américaine Samantha Power a réitéré samedi les regrets de Washington pour la frappe de la coalition menée par les Etats-Unis contre une position syrienne. Elle a aussi accusé la Russie de vouloir “monter un coup” en convoquant le Conseil de sécurité.

La Russie avait demandé cette réunion d’urgence, qui s’est tenue tard samedi soir. Elle souhaitait obtenir des explications sur cette bavure.

La frappe, qui a tué des dizaines de soldats syriens, “n’était pas intentionnelle et nous regrettons bien sûr les pertes en vies humaines”, a affirmé Mme Power à la presse. Mais elle s’est livrée ensuite à une violente critique contre Moscou qui a convoqué cette réunion, parlant de “moralisme”, de “mise en scène” et de “cynisme”.

Elle a fait valoir “que le régime syrien frappait volontairement des cibles civiles avec une régularité effrayante” et que la Russie ne faisait rien pour l’en empêcher. Le régime de Bachar al-Assad “utilise souvent des armes chimiques (…) et a torturé des milliers de prisonniers”, a-t-elle ajouté.

“Et pourtant, a-t-elle ajouté, face à tant d’atrocités jamais la Russie n’a exprimé sa consternation ni demandé une réunion d’urgence du Conseil”. “La réunion de ce soir est une diversion par rapport à ce qui se passe sur le terrain en Syrie”, a-t-elle encore estimé.

Réplique immédiate

L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine est sorti de la salle pour répliquer vivement à Mme Power devant les journalistes.

Il a accusé Washington d’avoir violé un engagement de ne pas viser les positions syriennes. Cet incident est “un mauvais présage” pour le maintien de l’accord américano-russe en Syrie, a-t-il estimé, tout en se refusant cependant à déclarer cet accord caduc.

“C’est un grand point d’interrogation”, a-t-il affirmé. “J’espère qu’ils (les Etats-Unis) vont trouver un moyen de nous convaincre et de convaincre tout le monde qu’ils sont sérieux à propos d’un réglement politique en Syrie et a propos de la lutte contre les terroristes”.

Au moins 60 morts

Les ministres des Affaires étrangères russe et américain, Serguei Lavrov et John Kerry, doivent participer mercredi à une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie en marge de l’assemblée générale de l’ONU.

La coalition internationale antidjihadistes menée par les Etats-Unis a admis samedi avoir bombardé ce qu’elle pensait être une position du groupe Etat islamique en Syrie. Le raid a tué au moins 60 soldats syriens, selon différentes sources.

Ce bombardement meurtrier près de la ville de Deir Ezzor (est), contrôlée par l’EI, intervient au cinquième jour d’une fragile trêve issue d’un accord entre les Etats-Unis et la Russie. Dans la foulée, Moscou a accusé samedi soir l'”opposition modérée” syrienne, soutenue par les Etats-Unis, d’avoir “fait échouer” ce cessez-le-feu.

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