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Trump annonce ses prix “Fake News” très controversés

Donald Trump a publié mercredi sur Twitter un lien vers la liste des "Fake News Awards" mise en ligne sur le site officiel du parti républicain. L'attente était telle que le site a planté quelques minutes après son tweet (archives). KEYSTONE/EPA/MICHAEL REYNOLDS sda-ats

(Keystone-ATS) Donald Trump a annoncé mercredi ses prix “Fake News” très controversés et dénoncés par avance par deux sénateurs de son propre camp effarés par ce spectacle et par les “assauts” présidentiels répétés contre la presse. “Et les gagnants des FAKE NEWS sont…”

Dans son style volontiers provocateur, le président américain a publié dans un tweet un lien vers un site qui, ironie du sort, est resté inaccessible pendant plusieurs minutes. Donald Trump, dont les attaques contre les journalistes “malhonnêtes” sont quasi-quotidiennes, reproche en particulier à ces derniers d’accorder trop d’attention à l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion de son équipe avec la Russie pendant la campagne.

“2017 a été une année de partialité acharnée, de couverture médiatique malhonnête et même de fausses informations éhontées”, pouvait-on lire en introduction de cette “liste” désignant les médias “les plus corrompus et les plus biaisés”. Sans surprise, cette dernière inclut CNN, le New York Times ou encore le Washington Post, cibles habituelles du milliardaire.

“Des études ont montré que plus de 90% de la couverture médiatique du président Trump est négative”, ajoutait le texte, sans autres précisions ni sources.

Tout en nuance

En pole position, non pas un journaliste mais Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008 et éditorialiste pour le New York Times. Ce dernier “avait affirmé le jour de la victoire écrasante historique du président Trump que l’économie ne s’en remettrait jamais”, souligne le site, avant de rappeler que Wall Street bat record sur record.

La liste épingle également l’erreur d’un journaliste vétéran de la grande chaîne ABC, Brian Ross, qui a été suspendu pendant quatre semaines. Il avait rapporté à tort que Donald Trump avait donné pour instruction à son conseiller Michael Flynn de contacter des émissaires du Kremlin avant son élection en novembre 2016.

Juste après la publication de sa liste, Donald Trump a émis un jugement plus nuancé dans un second tweet: “A part certaines couvertures médiatiques très corrompues et malhonnêtes, il existe beaucoup d’excellents journalistes que je respecte et beaucoup de BONNE NOUVELLE dont les Américains peuvent être fiers!”

“Voilà où nous en sommes…”

“2017 fut l’année où la vérité – objective, empirique, basée sur des faits – a été plus la plus bousculée et maltraitée dans l’histoire de notre pays, aux mains du personnage le plus important de notre gouvernement”, a lancé devant le Congrès le sénateur Jeff Flake qui dénonce sans détour la dangereuse dérive que représente à leurs yeux les attaques du locataire de la Maison Blanche contre les journalistes.

“‘L’ennemi du peuple’, c’est comme cela que le président des Etats-Unis a qualifié la presse en 2017”, a-t-il lancé, rappelant que ces mots “tristement célèbres” avaient été prononcés par l’ancien dirigeant russe Joseph Staline “pour décrire ses ennemis”.

“Le fait qu’un président américain puisse s’adonner à un tel spectacle défie l’entendement”, a-t-il déploré. “Mais voilà où nous en sommes…”. Effaré, Jeff Flake a annoncé qu’il ne se représenterait pas à l’issue de son mandat fin 2018.

Attitude “incohérente”

Un autre sénateur républicain, John McCain, figure du Congrès, a appelé Donald Trump dans une tribune à arrêter “d’attaquer la presse”. “Que Trump en soit conscient ou pas, ses actes sont observés de près par des dirigeants étrangers qui utilisent déjà ses mots comme excuse”, a-t-il souligné, dénonçant l’attitude “incohérente” voire “hypocrite” de l’administration vis-à-vis de la liberté de la presse.

“L’expression ‘fake news’ à laquelle le président américain a donné une légitimité, est utilisée par des autocrates pour réduire au silence des journalistes”, a encore écrit le sénateur de 81 ans, qui avait, durant la campagne, dénoncé sans détour le comportement de l’homme d’affaires de New York.

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