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Trump ne se sent pas lié par le principe de la “Chine unique”

Donald Trump a expliqué qu'il aurait été "très irrespectueux" de ne pas prendre l'appel de la présidente taïwanaise. Et de préciser que leur échange avait été "court" et "plaisant". "Pourquoi un autre pays (ndlr, la Chine) devrait-il pouvoir me dire que je ne peux pas prendre un appel?" (archives). KEYSTONE/AP/PABLO MARTINEZ MONSIVAIS sda-ats

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis ne sont pas forcément tenus de se conformer au principe de la “Chine unique”, comme ils le font depuis 40 ans. C’est ce que le président élu Donald Trump a affirmé dimanche.

La déclaration de Donald Trump à la chaîne Fox News se voulait une réponse à la protestation diplomatique de Pékin après un entretien téléphonique entre le président élu et la présidente taïwanaise le 2 décembre.

“Je comprends parfaitement le sens du principe de la ‘Chine unique’ mais je ne vois pas pourquoi nous devrions être tenus à une politique de ‘Chine unique’, a-t-il dit. “A moins que nous ne concluions un accord avec la Chine sur d’autres sujets, comme le commerce”.

Son entretien téléphonique avec la présidente Tsaï Ing-wen a été le premier du genre entre les chefs d’Etat américain et taïwanais depuis que Jimmy Carter a rétabli les relations diplomatiques avec Pékin en 1979. Ce dernier avait accepté le principe que l’île nationaliste fait partie de la Chine.

La question de Taïwan est particulièrement sensible à Pékin, qui n’a pas encore réagi aux derniers propos de Donald Trump.

Après l’entretien du 2 décembre, la Maison Blanche s’était empressée d’assurer à la Chine que sa position en la matière n’avait pas changé. Dans son entretien à Fox News, Donald Trump a expliqué qu’il aurait été “très irrespectueux” de ne pas prendre l’appel de la président taïwanaise, précisant que leur échange avait été “court” et “plaisant”. “Pourquoi un autre pays devrait-il pouvoir me dire que je ne peux pas prendre un appel?”, a-t-il demandé.

Confrontation

Plusieurs observateurs de la vie politique américaines ont accueilli avec scepticisme les propos de l’homme d’affaires. Certains d’entre eux jugent que ces déclarations sont de nature à provoquer une confrontation militaire si Donald Trump continue à entretenir le flou sur ses intentions dans le dossier taïwanais.

“La Chine est sans doute prête à laisser sa relation avec Washington se détériorer afin de montrer qu’elle est déterminée sur la question de Taïwan”, estime ainsi Jessica Chen Weiss, enseignante en sciences politiques à l’université de Cornell et spécialiste du nationalisme chinois.

“Lorsque l’on prend la décision de mettre fin à des pratiques qui remontent à tant de décennies sans le moindre avertissement et sans communication claire, on alimente les malentendus et les risques d’erreurs de calcul et on jette les bases d’une crise entre les Etats-Unis et la Chine”, poursuit-elle.

“Une erreur”

Mike Green, ancien conseiller du président George W. Bush pour l’Asie, pense de son côté que mettre fin à la politique de la “Chine unique” serait une erreur car cela précipiterait les relations sino-américaines dans une zone de turbulences. Cela mettrait ausis en péril la coopération avec Pékin dans d’autres, dossiers, celui de la Corée du Nord, par exemple.

Il pense toutefois que Donald Trump n’a pas eu l’intention d’aller trop loin dans ce dossier et qu’il n’était pas inutile de faire comprendre à Pékin qu’il ne se laisserait pas dicter sa politique sur des dossiers comme celui de Taïwan.

“Le président Obama a été trop vite accommodant avec Pékin, ce qui a réduit sa marge de manoeuvre sur d’autres dossiers, comme ceux des mers de Chine du Sud et de l’Est”, observe-t-il.

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