Des perspectives suisses en 10 langues

UE-Ukraine: un sommet à Bruxelles pour rassurer Kiev

Le président ukrainien Petro Porochenko (de dos à g.) est accueilli à Bruxelles par Donald Tusk (c.), président du Conseil européen, flanqué de Jean-Claude Juncker et de Martin Schulz. KEYSTONE/AP/VIRGINIA MAYO sda-ats

(Keystone-ATS) Les dirigeants des institutions européennes et le président ukrainien Petro Porochenko se sont réunis pour un sommet jeudi à Bruxelles. Ils ont assuré que l’UE resterait intransigeante à l’égard de Moscou, accusé d’entretenir la guerre civile dans l’est du pays.

Les lourdes sanctions économiques qui visent la Russie depuis son annexion de la Crimée en mars 2014 “restent clairement liées à la mise en oeuvre complète des accords (de paix) de Minsk”, a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk. Il s’exprimait à l’issue du 18e sommet UE-Ukraine avec le président ukrainien.

“Elles sont toujours valides et j’espère qu’on se décidera (sur leur prolongation) avant notre prochain sommet de chefs d’Etat de décembre”, a ajouté M. Tusk. Petro Porochenko s’est félicité de ce soutien.

Il s’est aussi montré confiant sur l’attitude du futur président américain Donald Trump face à l'”agression russe” de 2014. L’Ukraine bénéficie selon lui d’un soutien “fort” des démocrates et des républicains à Washington et “ne s’attend à aucun changement significatif”.

Exemption de visas avant fin 2016

Sur l’exemption de visas pour les courts séjours dans l’UE, autre sujet sensible pour les 45 millions d’Ukrainiens, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a promis une mise en oeuvre effective “avant la fin de l’année”. Les 28 en ont approuvé le principe le 17 novembre.

Il faut encore surmonter “un léger désaccord” entre le Parlement et les Etats membres relatif à la clause de suspension assortie à cette exemption, a expliqué le chef de l’exécutif européen. Berlin et Paris ont été les principales capitales de l’UE à réclamer un “frein d’urgence” permettant de suspendre plus rapidement les exemptions de visas accordées à des pays tiers.

Et la Commission a dû présenter en mai des propositions amendées, tenant compte des inquiétudes face à une libéralisation susceptible de concerner plus de 100 millions de personnes: Ukraine, Géorgie, mais aussi Kosovo et surtout Turquie, même si un accord avec ce dernier pays reste hypothétique. “Nous avons rempli nos obligations à 100%”, a souligné pour sa part M. Porochenko.

Accord UE-Ukraine menacé

A l’agenda du sommet figuraient aussi le sujet du gaz et de la sécurisation des approvisionnements via l’Ukraine à l’approche de l’hiver, ainsi que l’avenir de l’accord d’association UE-Ukraine. L’accord a été ratifié par 27 Etats membres.

Mais son application dans tous ses aspects (coopération économique, militaire, droits sociaux etc) reste menacée par le “Non” exprimé par les Néerlandais dans un référendum en avril. Une solution politique est toujours à l’étude à La Haye, censée être présentée au prochain sommet de l’UE à la mi-décembre.

C’est le refus de l’ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch de signer cet accord qui avait entraîné il y a trois ans des manifestations qui ont finalement mené à sa chute. La venue de Petro Porochenko à Bruxelles coïncidait d’ailleurs avec le troisième anniversaire du soulèvement pro-européen de la place Maïdan à Kiev.

“Trois ans depuis EuroMaïdan. L’Ukraine sur la bonne voie sous la direction du président Porochenko. Le soutien de l’UE reste fort”, a écrit sur son fil Twitter le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk.

Corruption omniprésente

Dans le même temps, fonctionnaires et diplomates de l’UE mettent aussi en avant leur insatisfaction devant le rythme des réformes engagées en Ukraine. Certes, l’UE reconnaît que l’administration Porochenko a mis en oeuvre des réformes en matière de politique économique et dans les domaines de la police et de l’énergie et ce, en dépit de circonstances difficiles.

Mais la corruption demeure omniprésente. De récentes informations ont révélé l’ampleur de l’enrichissement personnel de responsables ukrainiens.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision