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L’Iran libère un détenu américain, Donald Trump remercie la Suisse

Donald Trump a remercié la Suisse pour son aide dans cette libération (archives). KEYSTONE/AP/Patrick Semansky sda-ats

(Keystone-ATS) Etats-Unis et Iran ont procédé jeudi à un échange de prisonniers avec l’entremise de la Suisse. Le président américain Donald Trump a remercié les autorités helvétiques pour leur “aide formidable”, tout en niant l’existence d’un marché pour échanger ces détenus.

Michael White, un ex-militaire de la marine américaine arrêté en juillet 2018 en Iran, “est dans un avion suisse qui vient de quitter l’espace aérien iranien”, a déclaré Donald Trump dans un tweet. Il a précisé qu’il serait “très bientôt” auprès de sa famille en Amérique.

Le 45e président des Etats-Unis a promis de continuer à oeuvrer pour “la libération de tous les Américains tenus en otage à l’étranger”, un dossier sur lequel il a obtenu plusieurs succès depuis trois ans.

Dans la foulée, Téhéran a annoncé qu’un scientifique iranien, Majid Tahéri, emprisonné en Amérique “pour des raisons fallacieuses”, avait été libéré par Washington “en même temps” que Michael White.

Suisse prête à aider

Il avait plaidé coupable en décembre de malversations financières, et avait aussi été inculpé pour avoir envoyé un instrument technique en Iran en contravention avec les sanctions américaines, mais un juge américain a ordonné jeudi sa remise en liberté, selon les documents judiciaires consultés par l’AFP.

Dans une prise de position, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé la contribution de la Suisse “au succès du geste humanitaire qui a eu lieu aujourd’hui et qui a conduit à la libération de Michael White et de Majid Tahéri.

Le DFAE remercie les deux pays pour leur confiance et leur coopération dans ce domaine. Il souligne que la Suisse est prête à apporter de nouvelles contributions à la facilitation, conformément à sa longue tradition de bons offices.

La Confédération helvétique avait déjà été en première ligne lors du dernier échange de détenus, en décembre: l’Iran avait libéré l’Américain Xiyue Wang et les Etats-Unis l’Iranien Massoud Soleimani. Selon des photographies, l’aéroport de Zurich a été le théâtre de l’échange.

Un autre Iranien relâché

Officiellement, en revanche, le retour mercredi en Iran d’un autre scientifique iranien, Cyrus Asgari, relâché par les Etats-Unis, où il avait été acquitté après près de trois ans de détention pour espionnage, n’est qu’une coïncidence.

“Cyrus Asgari ne faisait pas partie d’un accord sur les prisonniers en échange de Michael White”, a assuré le vice-ministre américain de la sécurité intérieure, Ken Cuccinelli. “Nous tentions d’expulser Asgari depuis décembre, mais les Iraniens nous ont mené en bateau jusqu’à cette semaine”, a-t-il ajouté sur Twitter.

A la mi-mai, les autorités iraniennes avaient assuré vouloir échanger “tous les prisonniers” avec Washington, après le dernier échange intervenu en décembre. Mais M. Cuccinelli avait déjà accusé Téhéran de “temporiser”. “Nous avons onze de vos concitoyens en situation irrégulière que nous tentons de renvoyer dans votre pays”, a-t-il lancé sur Twitter. “Envoyez l’avion!”

Michael White avait été condamné en mars 2019 à dix ans de prison pour avoir insulté le guide suprême iranien Ali Khamenei et diffusé des photographies personnelles sur les réseaux sociaux, selon son avocat. A la mi-mars, il avait bénéficié d’une permission de sortie pour raisons “médicales” et “humanitaires”, mais à condition qu’il ne quitte pas le pays.

Relations très tendues

Selon l’ex-gouverneur de l’Etat américain du Nouveau-Mexique, Bill Richardson, très investi auprès des autorités iraniennes pour obtenir cette libération, l’ancien détenu avait été testé positif au nouveau coronavirus.

Dans un premier temps après cette permission, Michael White avait été confié à l’ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains sur place.

Les relations déjà très tendues entre les deux pays traversent une phase glaciale depuis que Donald Trump a claqué la porte en 2018 de l’accord international conclu trois ans plus tôt pour éviter que la République islamique ne se dote de l’arme nucléaire.

Le milliardaire républicain, jugeant ce texte trop faible, a rétabli et même renforcé les sanctions américaines. En retour, l’Iran a commencé à se désengager des contraintes bridant son programme atomique.

Depuis, le président américain assure vouloir négocier un nouvel accord, mais plusieurs médiations ont échoué. Les libérations de prisonniers ont souvent été considérées comme un moyen de désamorcer les tensions.

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