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Un festival des droits humains en plein printemps arabe

Une manifestation à Téhéran en juin 2009, réprimée. Comme le seront les manifestants du monde arabe. Keystone

Alors que les révolutions citoyennes gagnent du terrain dans les pays arabo-musulmans, le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains de Genève entend honorer ces peuples en marche. Et ce en écho à la session annuelle du Conseil des droits de l’homme.

«Plus forts et efficaces que nombre de conventions onusiennes, les révolutions pacifiques et citoyennes du printemps arabe sont exemplaires pour supprimer les pires violations et veiller à ce qu’elles ne se reproduisent plus. Ce sont des signes puissants contre le pessimisme et le renoncement.»

C’est sous cette couleur qu’est donné le coup de départ de la 9ème édition du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH) qui se déroulera à Genève du 4 au 13 mars.

En neuf ans d’existence, le FIFDH s’est toujours positionné comme une tribune libre face à l’ONU, plantant ses événements en parallèle de la plus longue session annuelle du Conseil des droits de l’homme (28 février au 25 mars).

Car comment mieux dénoncer la politisation des droits humains qu’en mettant des visages sur les discussions souvent désincarnées qui se déroulent dans l’enceinte du Palais des Nations? Pendant que ministres et diplomates dissèquent les innombrables rapports sur les libertés religieuses, le contre-terrorisme, les minorités, les disparitions forcées, la torture, les détentions arbitraires, l’alimentation, le logement, l’eau, le trafic humain, le racisme, le FIFDH déplie chaque printemps son éventail de débats, films, forums avec des rencontres exceptionnelles.

Porte ouverte au relativisme

 

 «Très souvent, les mécanismes d’application des droits légitimes sont massivement ignorés», rappelle Leo Kaneman, co-directeur avec Yaël Reinharz Hazan, du festival. «Il est de la responsabilité de la communauté internationale de s’assurer que les droits de l’homme soient respectés comme des normes juridiques contraignantes et absolues. Il faut éviter qu’elles ne deviennent de vagues références qui laissent la porte ouverte au relativisme où se sont engouffrés des Etats et des particularismes puissants!»

En effet, jamais les droits de l’homme, avec leur armada de conventions et de pactes internationaux, n’ont été aussi «universels.» Et pourtant… le national-populisme gangrène une Europe censée être le fleuron de la démocratie; les Etats-Unis persistent à maintenir Guantanamo comme zone de non-droit; le gouvernement iranien bat les records en exécutions sommaires (plus d’une centaine depuis le début de l’année); la Russie continue d’assassiner ses journalistes et ses défenseurs des libertés; et la Libye est en train de transformer son pays en un bain de sang.

18 thèmes, 80 intervenants, 40 films

L’Europe à la botte des populismes, le printemps arabe, la mauvaise gestion des ressources naturelles, les droits des Roms, les crimes sexuels à l’encontre des femmes, les journalistes cibles du terrorisme, la violence dans les urnes, la justice face à l’histoire, les codes de conduite pour les entreprises de sécurité privées, l’érosion des droits humains… Autant de forums qui agrémenteront le programme 2011, avec plus de 18 thèmes, 80 intervenants, 40 films.

Parmi les personnalités invitées, les journalistes Antonio Tabucchi (Italie), Taslima Nasreen (Bengladesh), Hollman Morris (Colombie), le magistrat espagnol Baltasar Garzón, le père péruvien Marco Arana, le député européen Dick Marty, Antonio Cassesse, président du Tribunal spécial pour le Liban, pour n’en citer qu’une poignée.

Il est coutume de dédier le festival à des défenseurs des libertés emprisonnés, menacés ou tués. Cette année est consacrée au cinéaste iranien Jafar Panahi, actuellement en prison pour avoir tourné des images des manifestations, et à l’avocat syrien Haytham Al-Maleh, âgé de 80 ans et détenu à la prison centrale de Damas. Ces deux invités d’honneur dont les sièges seront malheureusement vides nous rappellent que l’Histoire est en train de se refaçonner sous nos yeux.

9ème édition. Elle se tient du 4 au 13 mars 2011 à Genève.

 

Rencontres. Le FIFDH résulte de la rencontre de gens de cinéma, de défenseurs des droits humains actifs au sein d’ONG, de l’Université de Genève et de représentants des médias. 

 

Tribune libre. Il se déroule chaque année face au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et constitue une Tribune libre pour tous les acteurs, étatiques et non étatiques, impliqués dans les questions relatives aux valeurs humaines. 

 

Concept. Avec son concept ‘Un film, Un sujet, Un débat’, le FIFDH a pour vocation de mettre en lumière les atteintes à la dignité humaine au travers du cinéma, de débats qui rassemblent des cinéastes, des défenseurs des droits de l’Homme et des spécialistes des thématiques abordées.

Débat. Le 12 mars, un débat consacré aux ‘entreprises de sécurité’ suivra la projection du film ‘The Devil Operation’ de Stéphanie Boyd.

 

Signature. Résultat de deux ans de travail entre des représentants des entreprises de sécurité privées, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), le «Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces» (DCAF), l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, le Code de conduite a été signé le 9 novembre 2010 par une soixantaine de représentants des plus grandes entreprises de sécurité privées.

Régulation. Le Code comprend une cinquantaine d’articles qui régulent notamment le recours à la force, la détention ou l’utilisation d’armes à feu. Il rappelle aussi les grands interdits tels que la torture, la violence sexuelle, le trafic d’êtres humains, le travail forcé, la discrimination, tout en clarifiant la responsabilité des acteurs privés en cas de non-respect.

Supervision. De plus, selon ce Code, les signataires sont tenus d’établir des mécanismes de supervision et de contrôle pour le respect de ces standards.

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