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Un studio de cinéma géant nommé Paris

Jean et Bébel sur les Champs... SP

En 800 entrées et davantage d’anecdotes, «Le Paris du cinéma» nous embarque à bord de l’histoire du 7e Art dans la capitale française. Un guide souriant, cinéphilique et touristique, signé par le journaliste français Philippe Durant et le comédien suisse Vincent Pérez.

Jean-Paul Belmondo, clope aux lèvres, marche aux côtés de Jean Seberg, cheveux courts et T-shirt New York Herald Tribune, le long des Champs-Elysées.

Nous sommes dans A bout de souffle, signé Jean-Luc Godard. C’est cette image que les Editions Favre, à Lausanne, ont choisi pour illustrer la couverture du livre «Le Paris du cinéma», paru tout récemment.

Vous aviez déjà suivi les chemins du Paris gourmand, du Paris des écrivains, du Paris secret, voire du Paris coquin? De nouvelles perspectives s’offrent à vous. Car au-delà des innombrables séquences de films où figurent la Tour Eiffel ou Notre-Dame, qui pourrait dire dans quelle station de métro un flic bizarre (Michel Galabru) attend le voleur en rollers (Jean-Hughes Anglade) dans Subway de Luc Besson, mmh?

Ou alors, où se trouvait la cabine téléphonique dans laquelle Dominique Bredoteau (Maurice Bénichou) retrouve la boîte en métal qui contient ses jouets d’enfance? On parle bien sûr du Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet.

Bonheur du touriste

Côté textes et recherche, on trouve un stakhanoviste du livre consacré au 7ème Art, le journaliste et historien Philippe Durant. Côté iconographie, de nombreuses images tirées des films évoqués dans le livre, mais aussi des photos originales signées Vincent Pérez, qui, avant de se lancer  dans l’art dramatique, étudia la photographie à Vevey. Trait d’union entre eux, l’éditeur lausannois Pierre-Marcel Favre.

«Ce qui est amusant dans ce projet, c’est qu’il a été initié par des non-Parisiens. Ni Vincent, ni Pierre-Marcel, ni moi, ne le sommes. Et il est intéressant de regarder Paris avec un œil un peu extérieur: les Parisiens ne savent même pas où est la Tour Eiffel, parce qu’ils passent devant tous les jours», s’amuse Philippe Durant.

«Nous, on a un œil de curieux, presque de touristes. Et c’est comme cela que ce projet a pu être monté de manière assez originale. Ce n’est pas un regard de cinéphile qui va au fond d’un dossier, comme dans certains livres qui ont déjà été publiés à propos de Paris et du cinéma. Nous, c’est vraiment le point de vue du touriste qui se balade avec les yeux dans le ciel, comme le dit Vincent, et ses photos participent beaucoup à apporter cette dimension».

Entre fiction et réalité

A travers les vingt arrondissements parisiens, y a-t-il des lieux particulièrement ‘cultes’ pour l’auteur? «Il y a deux endroits. Le premier, parce que je suis attaché à Jean-Paul Belmondo par tradition presque séculaire, c’est le pont Bir-Hakeim, où il a tourné sa fameuse scène sur le métro», répond Philippe Durant, faisant allusion à Peur sur la ville (Henri Verneuil, 1975).

«Et puis la Place Dauphine, où vivaient Montand et Signoret – j’ai d’ailleurs fait un livre chez Favre sur Simone Signoret. Tout jeune, je m’étais assis là, sur un banc. Et tout à coup, j’avais réalisé où j’étais, un endroit historique du cinéma: tout un pan du cinéma français, politique, s’y retrouvait! Quand je repasse par là, je revis vraiment cette émotion, cette rencontre avec l’histoire du cinéma. Ce n’est pas la grande Histoire, mais une petite histoire du cinéma qui me touche».

Grande histoire, petite histoire, la taille se discute. Quoi qu’il en soit, l’histoire du cinéma se cogne bien sûr souvent à l’Histoire tout court. La Place de la Concorde de Paris brûle-t-il? (René Clément, 1966) traversée par des tanks dont l’un est conduit par Yves Montand est toujours la Place de la Concorde… Et c’est bien à un feu de la Porte de Clignancourt que Mesrine fut abattu, comme le retrace Mesrine, l’ennemi public numéro 1 (Jean-François Richet, 2008).

Au fil des pages, on se souvient également que le cinéma est fait de fausses pistes et de trompe l’œil… Ainsi l’appartement vide où, dans Le dernier tango à Paris, Maria Schneider et Marlon Brando s’envoient désespérément et frénétiquement en l’air, est situé au 1 rue de l’Alboni, dans le 16ème arrondissement. Pourtant, dans le film, «histoire de brouiller les pistes, Bertolucci montre une fausse plaque indiquant rue Jules Verne», peut-on lire.

Dans un autre registre, si l’Hôtel du Nord se dresse toujours à côté du Canal Saint-Martin au 102 quai de Jemmapes, c’est parce qu’il a été classé monument historique. Alors même que Marcel Carné avait tourné son film dans une réplique du quartier, reconstitué à Boulogne-Billancourt par le décorateur Alexandre Trauner.

Parfois, «Le Paris du cinéma» s’éloigne des lieux de tournage pour évoquer quelques salles de projection qui ont marqué le 7ème Art, ou des lieux de vie… Au fil de cette promenade – livresque ou réelle – le cœur des Helvètes battra en découvrant le 12 de la rue Lanneau, où vivait Bernard Haller. Et le 37 de la rue Beauregard, où s’était établi Michel Simon, dans un quartier qui était, avant-guerre, «peuplé de maisons closes» que l’acteur suisse fréquentait assidûment.

A suivre…

Au-delà des 800 lieux mentionnés dans quel film, selon Philippe Durant, Paris est-il le mieux mis en valeur en tant que personnage?

«Difficile à dire, répond-il. J’aurais envie de citer un film qui n’est pas mentionné dans le livre, parce qu’il est trop confidentiel: Paris qui dort, un film muet de René Clair, fascinant. Sinon, et je reviens à Belmondo, Peur sur la ville est un film très ancré dans Paris. Et même Un Indien dans la ville, à travers son contraste avec la forêt amazonienne, montre bien la dimension de Paris»…

A noter que «Le Paris du cinéma» est appelé à s’étoffer encore: Philippe Durant propose aux lecteurs de lui envoyer leurs découvertes pour enrichir les prochaines éditions…

Le Paris du cinéma par Vincent Pérez et Philippe Durant, Editions Favre, 336 pages.

Lille. Né en 1960 à Lille, Philippe Durant a une formation de journaliste et d’animateur radio.

Cinéma. Il a signé toute une série d’ouvrages sur le cinéma, dont des biographies de Simone Signoret, Jean-Paul Belmondo, Michel Audiard, ainsi que plusieurs ouvrages thématiques : La bande à Gabin, Delon-Belmondo, Les ailes du cinéma, La boxe au cinéma etc.

Polar et BD. Il a également écrit des thrillers d’espionnage se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, La Proie pour Londres et Mort au Diable (Ed. Ananké) et travaillé comme documentaliste dans la bande dessinée.

Vaud. Né à Lausanne en 1962, Vincent Pérez passe son enfance à Penthaz et à Cheseaux.

Genève-Paris. Il étudie la photographie à Vevey, puis l’art dramatique à Genève, avant de fréquenter le Conservatoire de Paris, puis l’école du Théâtre des Amandiers à Nanterre, dirigée par le metteur en scène Patrice Chéreau.

Cyrano. Vincent Pérez débute au cinéma en 1985, alors qu’il n’est encore qu’étudiant. En 1990, son rôle dans Cyrano de Bergerac de JP Rappeneau, aux côtés de Gérard Depardieu, lui apporte une renommée internationale.

Parcours. Suivront notamment Indochine (Régis Wargnier, 1992), Fanfan (Alexandre Jardin, 1993), La Reine Margot (Patrice Chéreau, 1993), Par-delà les nuages (Michelangelo Anonioni, 1996), Fanfan La Tulipe (Gérard Krawczyk, 2003).

Réalisateur. Il a pour le moment signé deux longs métrages, Peau d’ange (2002, avec Guillaume Depardieu) et Si j’étais toi (2007, avec David Duchovny).

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