Des perspectives suisses en 10 langues

Bientôt de nouvelles écoles suisses à l’étranger?

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Créées pour et par les expatriés, les écoles suisses à l’étranger devraient s’internationaliser et accroître leur autonomie. Bientôt soumise au parlement, la nouvelle loi ouvre des perspectives en matière de compétitivité. De nouvelles écoles pourraient voir le jour, par exemple en Asie.


«Je suis Espagnole de parents espagnols et, quand j’ai passé ma maturité en 2011 en allemand, je maîtrisais cinq langues.» Aujourd’hui étudiante en physique et maths, Marta Porta Comin est une publicité vivante pour la «Schweizerschule Barcelona». Jolie comme un cœur, elle raconte en excellent allemand son apprentissage de l’espagnol et du catalan à la maternelle, puis de l’allemand, du français et de l’anglais.

Mara Porta Comin était invitée par la Conférence annuelle des directeurs d’écoles suisses, le 10 juillet à Glaris. Face à une centaine de personnes, elle a apporté la preuve que son ancienne école mérite l’excellence («Best practice») dans le domaine de l’enseignement des langues.

Autre exemple, Bangkok, qui enseigne le programme scolaire du canton de Lucerne. «Une comparaison avec nos cinq gymnases publics a montré que le niveau d’anglais des élèves de Thaïlande était bien supérieur», relève Jürg Lustenberg, représentant du «canton patronal» lucernois.

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Ecoles suisses au Brésil: vers un nouvel élan

Ce contenu a été publié sur Les nouvelles règles prévoient notamment que les écoles suisses de l’étranger ne devront plus compter un minimum de 20% d’élèves suisses pour obtenir une aide financière de la Confédération. Au Brésil, trois établissements sont concernés: les deux actuellement reconnus par les autorités suisses – l’école de Sao Paulo et le collège de Curitiba – ainsi…

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Comme une marque déposée

Les langues, c’est la marque déposée des écoles suisses dans des pays moins portés au multilinguisme. Ainsi, malgré la crise économique, l’école suisse de Milan ne voit pas tarir sa liste d’attente de candidats italiens, bien au contraire. «Beaucoup de parents veulent que leurs enfants apprennent l’allemand afin de leur garantir un meilleur avenir professionnel, indique son directeur Claudio Burkhard. Cela exige un gros sacrifice, à la fois financier et culturel, car l’enfant doit commencer dès la maternelle.»

Situation contrastée avec celle de la Suisse, où les partisans de l’enseignement des langues nationales contre celui de l’anglais et vice-versa continuent de s’entre-déchirer, comme du reste à propos de l’âge d’apprentissage d’une deuxième langue. «A l’étranger, ce problème est réglé depuis longtemps puisque les écoles ont justement été créées pour que les enfants d’expatriés conservent leur langue et leur culture tout en s’intégrant dans leur nouveau pays. Et puis, c’est beaucoup plus facile d’apprendre une langue très jeune», remarque le président d’educationsuisse, la centrale des 17 écoles suisses à l’étranger.

Derrick Widmer milite en outre contre l’analphabétisme informatique: «Contrairement à ce qui se passe en Suisse, nous pensons que l’informatique doit figurer dans le programme scolaire et que les élèves doivent, dès le niveau primaire, être capables de faire de la programmation.»

Derrick Widmer privilégie l’innovation en matière scolaire, car la concurrence mondiale se durcit rapidement. «Il se crée de plus en plus de nouvelles écoles internationales. Nous gardons une excellente image et restons bien positionnés, mais il faut augmenter la compétitivité pour attirer de nouveaux élèves. Cela devrait être permis par la nouvelle loi, qui pourrait entrer en vigueur en 2015 si tout va bien.»

Les 17 écoles suisses enseignent en allemand, comme langue principale. A l’exception de celle de Bogota (Colombie), qui offre une filière en français.

Les plus anciennes ont été créées en Italie par et pour des expatriés suisses germanophones et, très souvent, protestants.

Les Suisses romands (moins nombreux que les alémaniques) n’ont pas éprouvé ce besoin car la France a mis en place depuis très longtemps un réseau scolaire dans le monde entier.

Innovation contre concurrence

Si tout va bien, cela signifie que la nouvelle soit soit adoptés par les Chambres fédérales. Cette révision ne règlera pas tout, mais elle devrait aider les écoles suisses à l’étranger à améliorer leur compétitivité. Elle prévoit l’assouplissement du seuil obligatoire actuel de 20% d’élèves suisses, la possibilité de créer des formations professionnelles duales (apprentissage) et, surtout, la possibilité d’ouvrir de nouvelles écoles.

«Il sera possible à l’avenir de percevoir une aide financière pour ouvrir un nouvel établissement. Mais il faudra pour cela s’aligner sur l’offre de la concurrence internationale, avec une halle de gym et une piscine, car les parents des élèves locaux ont des exigences dans ce domaine. Il faudra donc trouver de l’argent», relève Derrick Widmer.

Optimiste tout de même, le président d’educationsuisse mise sur l’Asie: «Nous y sommes très peu présents et il y a à faire. Les écoles de Bangkok et Singapour marchent bien. Elles attirent beaucoup de personnes qui s’intéressent de près à la formation professionnelle duale, car l’apprentissage n’existe pas dans ces pays.»

Fini le folklore

A l’origine, toutes les écoles ont été fondées par des colonies suisses, souvent dans des conditions folkloriques. Comme à Bangkok, il y a tout juste cinquante ans. «Des membres de la colonie ont fait venir un couple d’instituteurs de Suisse, qui ont commencé dans une petite maison en bois avec 17 élèves», raconte Dominique Tellenbach, le nouveau directeur. Aujourd’hui, la «Swiss School of Bangkok» accueille 200 élèves, dont 60 Suisses, dans un grand bâtiment moderne.

Ou Catagne (Italie du Sud), il y a cent dix ans. «La colonie suisse a demandé à une de ses membres de donner des cours d’allemand à 6 enfants. Aujourd’hui, notre école compte 70 élèves», explique sa directrice, Loretta Brodbeck.

Tout cela, c’est donc du passé, et il faudra déployer de gros efforts pour garder ou créer une place dans un monde globalisé et internationalisé, relève encore Derrick Widmer: «Contrairement aux écoles publiques suisses, les écoles suisses à l’étranger sont aidées par la Suisse mais sont privées. Un directeur d’établissement à l’étranger n’est pas seulement un responsable pédagogique, mais il est aussi le chef d’une entreprise privée. Il est responsable des finances, du marketing, du dialogue avec les parents».

Il devra donc redoubler d’innovation pour «vendre» son institut en offrant un standing international tout en favorisant «le rayonnement culturel de la Suisse à l’étranger», selon les mots du gouvernement suisse.

C’est le nouveau nom donné en 2012 à l’ancien Comité d’aide pour les écoles suisses à l’étranger, fondé en 1942.

L’association regroupe 17 établissements: 7 en Europe, 8 en Amérique Latine et 2 en Asie. Soit un effectif total de 7200 élèves, dont 1800 Suisses. Chaque établissement reçoit une aide matérielle et pédagogique d’un canton suisse, dont il enseigne le programme.

Elle représente les intérêts des écoles auprès de l’opinion publique, de l’économie et des autorités en Suisse. Elle fait la liaison avec les institutions de formation en Suisse et est responsable de l’évaluation des synergies avec les écoles locales ainsi que de l’examen de possibilités d’ouverture de nouvelles écoles.

Elle administre les assurances sociales (caisse de pension, AVS) pour les enseignants suisses et verse le paiement des primes.

Elle organise chaque été une conférence pour les responsables des écoles suisses à l’étranger, dans un but d’innovation, d’échange et de formation continue. En 2013, la conférence s’est tenue du 8 au 11 juillet dans la salle du parlement cantonal de Glaris.

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