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L’initiative Ecopop en progrès

Les milieux économiques craignent une nouvelle initiative contre l'immigration. Keystone

S’il avait voté il y a une semaine, le peuple aurait refusé les trois objets qui lui seront soumis le 30 novembre. Pourtant, un «oui» à l’initiative Ecopop n’est pas encore totalement exclu. En revanche, concernant l’initiative sur l’or et celle sur les forfaits fiscaux pour riches étrangers, la tendance penche clairement vers le «non». 


D’après le second sondage réalisé par l’Institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR, 56% des personnes interrogées refusent l’initiative Ecopop, qui vise à réduire la croissance démographique en Suisse, tandis que 39% l’acceptent et que 5% sont indécises. Par rapport au premier sondage, réalisé il y a plus d’un mois, les partisans d’Ecopop ont gagné 4%, tandis que les opposants ont perdu 2%.

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Ce qui a provoqué cette évolution, ce ne seraient pas les arguments des partisans de l’initiative, mais un argument tactique, estime Claude Longchamp, responsable de l’Institut gfs.bern. Ainsi, moins de la moitié (47%) des sondés sont d’accord avec l’argument selon lequel l’initiative freine le mitage du territoire et environ un tiers (32%) considèrent qu’Ecopop est un moyen adapté pour freiner la démographie galopante dans les pays en voie de développement. En revanche – et c’est là qu’intervient l’argument tactique – 57% des partisans de l’initiative sont d’avis que celle-ci sert à maintenir la pression sur le gouvernement, afin qu’il ne botte pas en touche l’initiative «Contre l’immigration massive», acceptée en février dernier, et qu’il la mette en œuvre fidèlement. 

Les dirigeants de l’UDC opposés 

Ces dernières semaines, cet argument tactique a gagné en popularité, surtout dans le forums et sur les réseaux sociaux. Cependant, selon Claude Longchamp, le rejet d’Ecopop reste le scénario le plus probable. En effet, en comparaison avec l’initiative «Contre l’immigration de masse», qui avait vu le camp du «oui» augmenter au fil de la campagne pour finalement l’emporter d’une courte tête le jour du vote, le camp des supporters d’Ecopop reste quelques pourcentages en dessous. 

A cela s’ajoute le fait que le plus grand parti du pays, l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) est partagé sur la question. Les chefs de file du parti, parmi lesquels leur mentor Christoph Blocher, rejettent l’initiative, alors que quelques sections cantonales l’acceptent. Le nombre des électeurs de l’UDC qui entendent refuser Ecopop a augmenté de 5% et se situe désormais à 35%. Les électeurs des partis du centre et du camp rose-vert rejettent quant à eux clairement ce projet. 

Au niveau des langues, le refus est le plus fort en Suisse romande, avec 61%. Le camp du «non» l’emporte également en Suisse alémanique avec 56%. Le Tessin italophone accepte en revanche le projet à hauteur de 56%. 

Vaines spéculations 

L’initiative sur l’or de l’UDC, qui aimerait obliger la Banque nationale suisse à pratiquement tripler ses réserves d’or et à les stocker totalement sur le territoire suisse, soulève quelques vagues au niveau international. Selon les analystes de marchés financiers, un «oui» pourrait provoquer d’un jour à l’autre une forte augmentation du prix de l’or et conduire à une nouvelle appréciation du franc suisse.

Pourtant, l’agitation et les spéculations semblent vaines, car le camp des partisans à l’initiative sur l’or a diminué au cours des dernières semaines pour se fixer désormais à 38% des sondés. Le camp du «non» s’est en revanche apprécié pour atteindre 47%. L’initiative sera «selon toute vraisemblance» rejetée, prévoit Claude Longchamp. 

Même parmi les sympathisants de l’UDC – pourtant à l’origine de l’initiative – la part d’avis favorables n’est que de 62%, contre 70% lors du premier sondage. «Il y a une démobilisation. Le parti est divisé sur cette question et sa campagne est relativement modérée», déclare Martina Imfeld, de l’institut gfs.bern. La gauche a en revanche réussi à mobiliser son électorat contre cette initiative et les électeurs du centre sont restés «stables» dans leur refus.

Sondage SRG SSR 

Ce sondage a été réalisé par l’institut de recherche gfs.bern pour le compte de la société nationale de radiotélévision SRG SSRLien externe, dont swissinfo.ch fait partie. 

1412 citoyens représentatifs ont été interrogés par téléphone entre le 7 et le 15 novembre. 

Les Suisses de l’étranger ne peuvent pas être interrogés, car leurs adresses ne sont pas transmises aux sondeurs pour des questions de protection des données. 

La marge d’erreur du sondage est de +/- 2,7%.

Privilèges fiscaux à peine menacés

C’est également un clair rejet qui semble attendre l’initiative «Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires», qui veut supprimer les forfaits fiscaux que certains cantons accordent aux riches étrangers établis sur leur sol. Selon le sondage, 42% des personnes interrogées acceptent l’initiative, 48% la refusent et 12% sont encore indécises. 

Mais le front du refus a clairement augmenté depuis le dernier sondage (+ 12%). «La campagne des adversaires a de l’effet. L’argument selon lequel les régions de montagne souffriraient de l’abandon des forfaits fiscaux semble convaincre», analyse Martina Imfeld. 

La plus forte opposition à l’initiative se trouve dans les cantons de Vaud, Valais, Genève et Tessin, c’est-à-dire les cantons qui comptent la plupart des riches étrangers au bénéfice d’un forfait fiscal. Il est frappant que dans ces cantons, même les sondés proches des partis rose-vert montrent proportionnellement moins de sympathie pour l’initiative que les sondés présentant le même profil, mais qui se trouvent dans le reste de la Suisse et surtout dans les cantons qui ont déjà supprimé le système des forfaits fiscaux. 

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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