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La conscription à l’épreuve des urnes

Le sort de l'armée de milice se joue dans les urnes. Keystone

Les Suisses ont voté ce dimanche sur une initiative demandant la fin du service militaire obligatoire. La première tendance du diffuseur national SSR SRG indique que cette proposition sera refusée. Les autres thèmes au programme concernent l’assortiment des stations-service et la vaccination.

Depuis la fin de la Guerre froide, plusieurs grands pays européens ont abandonné le système de conscription. Lors des votations fédérales du 22 septembre, les Suisses sont invités à leur emboîter le pas.

L’idée émane du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Dans son initiative populaire, celui-ci stipule que «nul ne peut être astreint au service militaire» et précise que «la Suisse a un service civil volontaire». En clair, cela signifie que les jeunes hommes ne seraient plus obligatoirement convoqués à un recrutement à l’âge de 20 ans. Le système actuel serait remplacé par un système exclusivement basé sur le volontariat.

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Des fronts bien définis

Dans son argumentaire, le GSsA ne voit que des désavantages au système de conscription. Selon lui, celle-ci conduit à une armée surdimensionnée par rapport aux menaces actuelles et trop chère. Les auteurs de l’initiative estiment par ailleurs que les obligations militaires compliquent inutilement le parcours des conscrits en matière de formation, de vie professionnelle et de vie familiale. «Tout le monde n’a pas le temps de jouer à la guerre», lancent-ils.

De plus, ils soulignent qu’une grande majorité de conscrits ne sont pas motivés et donc en grande partie inefficaces. Enfin, le système actuel est à leurs yeux injuste, vu qu’un tiers seulement des jeunes hommes effectuent la totalité de leur service militaire et que les autres sont soumis à une lourde taxe. Au niveau politique, la fin de la conscription est soutenue par les partis de gauche.

La droite présente également un front assez homogène, mais pour défendre le système actuel. Ses partisans assurent que l’armée de métier, qui devrait de facto remplacer le système de milice, présente un gros désavantage: il deviendrait difficile de trouver du personnel de qualité et en nombre suffisant, ce qui mettrait en péril la sécurité du pays. Par ailleurs, des avantages inhérents au système de milice, comme le développement d’une conscience citoyenne ou l’apport de compétences civiles à l’armée, seraient perdus.

Mais surtout, les opposants dénoncent le fait que le but ultime de cette proposition du GSsA reste le même: l’abolition pure et simple de l’armée. Le groupe s’était pour la première fois fait connaître en 1989 avec une initiative pour l’abolition de l’armée. Celle-ci avait recueilli 35,6% d’avis favorables, score qui avait à l’époque fait sensation. Au cours des années suivantes, le GSsA avait encore lancé trois autres initiatives, toutes refusés par le peuple.

Cette nouvelle initiative du GSsA risque également de faire long feu, puisque 63% des personnes interrogées déclarent vouloir la rejeter, selon le dernier sondage du diffuseur national SRG SSR.

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Question de principe

Le deuxième objet soumis au vote concerne une modification de la Loi sur le travail traitant des stations-service ouvertes 24 heures sur 24. Actuellement, ces stations n’ont pas le droit de vendre certains produits entre 1 et 5 heures du matin, ainsi que le dimanche. Il s’agit essentiellement de produits qui ne peuvent pas être consommés sur place.

Les partisans de la modification soulignent le caractère «absurde» de la loi actuelle. La nuit ou le dimanche, une station-service peut parfaitement vendre du pain, des boissons, des fruits ou encore du fromage, mais doit retirer de ses rayons des surgelés, de la viande ou des légumes qui ne peuvent pas être consommés sans préparation préalable. Les stations doivent donc fermer l’accès d’une partie de leur surface de vente, alors que les employés sont de toute façon présents pour le carburant, le kiosque et la cafétéria.

Les partisans, principalement issus des milieux de droite, insistent sur le fait que cette modification ne concernerait qu’une trentaine de stations-service, sur les autoroutes et le long d’axes très fréquentés, et qui sont aujourd’hui déjà ouvertes 24 heures sur 24. La révision ne constitue donc pas une augmentation des horaires d’ouverture, mais seulement un changement dans l’assortiment proposé aux clients.

Les opposants, qui proviennent pour l’essentiel des rangs de la gauche et des syndicats, invoquent pour leur part la protection des travailleurs et font de leur refus une question de principe. Ils n’estiment pas nécessaire de disposer de la gamme complète des produits 24 heures sur 24. Ils craignent par ailleurs que cette réforme ne soit un cheval de Troie, une porte ouverte à de nouvelles exigences de la grande distribution et, à terme, à une généralisation des ouvertures non-stop.

Il est pour l’heure difficile de prévoir quelle sera l’issue du vote. Le dernier sondage montre que 48% des personnes interrogées sont favorables à la réforme et que 45% y sont opposées. L’avis des indécis (7%) sera déterminant.

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Vaccination obligatoire

Le troisième et dernier objet soumis est la nouvelle Loi fédérale sur les épidémies. L’idée est d’adapter la base légale actuelle, qui date de 1970, aux nouveaux défis sanitaires, avec des maladies infectieuses qui se propagent de plus en plus vite, comme l’ont montré la grippe aviaire ou la grippe porcine.

La nouvelle loi vise à améliorer la prévention, le dépistage précoce et la lutte contre les maladies transmissibles. Elle répartit plus clairement les tâches et renforce le rôle de la Confédération en matière de direction stratégique, de coordination et de contrôle. Son application reste de la compétence des cantons, mais il est prévu d’instituer un organe permanent de coordination pour améliorer la coopération entre eux.

Mais un point de la révision en particulier a provoqué une levée de boucliers: la possibilité donnée à la Confédération de rendre une vaccination obligatoire, un droit dont seuls les cantons disposent aujourd’hui. Le référendum a été lancé avec succès par un naturopathe alémanique, le même qui avait déjà lancé le référendum contre la loi fédérale sur les épizooties. Mais il profite cette fois aussi du soutien de cercles de la droite conservatrice. Bien que la révision ait été très largement soutenue au Parlement, l’opposition à la nouvelle loi n’est donc pas anecdotique. A noter qu’en Suisse alémanique, la population se montre généralement plus réticente face à la vaccination que dans les autres régions du pays.

La révision englobe aussi un programme de lutte contre les maladies nosocomiales, c’est-à-dire les infections contractées à l’hôpital et pour lequel il n’existe actuellement pas de base légale. «Il est tragique que le débat lié à la votation du 22 septembre se focalise sur les vaccins», a déploré Giorgio Zanetti, responsable de la médecine préventive hospitalière au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), dans le quotidien Le Temps.

Le dernier sondage en date indique que 39% des personnes interrogées sont hostiles à la révision et que 12% sont indécises. Mais avec pratiquement une moitié d’opinions favorables (49%), l’objet devrait passer l’écueil des urnes.

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