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Wes Anderson ouvre la Berlinale, en pleine onde de choc #MeToo

Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l'année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public. KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN sda-ats

(Keystone-ATS) Wes Anderson et son nouveau long-métrage “L’île aux chiens” ouvraient jeudi la Berlinale. Avec déjà en marge plusieurs actions de protestation contre les abus sexuels envers les femmes en pleine onde de choc #MeToo.

Plusieurs invités du premier grand festival de cinéma en Europe de l’année ont ainsi foulé le tapis rouge vêtus de noir. Leur objectif: s’élever contre le traitement réservé aux femmes dans le secteur, comme au moment de la remise des Golden Globes en janvier.

Une comédienne allemande, Anna Brüggemann, a quant à elle lancé un appel intitulé #poupéedepersonne pour inviter les stars féminines à renoncer aux tenues sexy au profit de “vêtements plus confortables”. Un appel relayé mais pas forcément suivi.

“Prémices d’une nouvelle société”

Bryan Cranston, qui partage l’affiche avec elle dans le dernier film de Wes Anderson ayant ouvert le festival, s’est dit “très optimiste” après l’onde de choc #MeToo des derniers mois. “Nous sommes peut-être face aux prémices d’une nouvelle société”, a dit dans un entretien l’acteur de la série “Breaking bad”, ravi de voir “les fondements de la misogynie s’effondrer”.

La Berlinale intervient dans le sillage des accusations d’abus sexuels contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein et les révélations qui ont suivi.

“Tapis rouge pour #MeToo”

“Nous déroulons le tapis rouge pour #MeToo, pour les femmes qui se défendent, et pour les hommes qui sont suffisamment hommes pour promouvoir l’égalité entre les sexes”, a déclaré la secrétaire d’Etat allemande à la Culture, Monika Grütters.

Le réalisateur allemand Tom Tykwer, président du jury qui choisira le prochain Ours d’or, a demandé que la discussion “ne soit pas étouffée par qui que ce soit”.

Les organisateurs ont promis de promouvoir la diversité sous toutes ses formes, bien que seulement quatre des films en compétition aient été réalisés par des femmes. Ils ont indiqué avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d’abus sexuels.

Une actrice s’insurge

Une actrice sud-coréenne a cependant critiqué le festival pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-Duk et son film “Human, Space, Time and Human”, présenté samedi. Elle a accusé ce dernier de l’avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées alors qu’elle travaillait sur un de ses films.

Jeudi, un groupement de 100 associations de défense des droits civiques en Corée du Sud a accru la pression en critiquant la décision “injuste” du festival d’inviter “le responsable d’une agression physique” tandis que “la victime qui s’est exprimée est marginalisée”.

“Japon fantasmé”

Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l’année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public.

Le premier événement est la présentation du dernier Wes Anderson. Pour sa deuxième incursion dans l’animation après “Fantastic Mr Fox” en 2009, le réalisateur américain a réuni un parterre de célébrités: Bryan Cranston, Bill Murray, Jeff Goldblum, Tilda Swinton et Scarlett Johansson qui font les voix des chiens à l’honneur dans le film.

“L’île aux chiens” suit les aventures d’Atari, 12 ans, à la recherche de son fidèle compagnon Spots, mis en quarantaine sur une île en raison d’une épidémie de grippe canine.

Le film se déroule dans “une version fantasmée du Japon”, a souligné Wes Anderson. C’est la quatrième fois que le réalisateur est en lice pour l’Ours d’or, qui sera remis le 24 février à un des 19 films en compétition.

Suisse présente

Trois films co-produits par la Suisse seront aussi en lice, dont “Eldorado” du cinéaste Markus Imhoof, présenté dans la catégorie “hors concours”. Ce long-métrage évoque le destin de réfugiés et de migrants d’aujourd’hui.

Deux autres films avec coproduction suisse seront aussi présentés, “Figlia Mia” (“Ma fille”) de la réalisatrice italienne Laura Bispuri, et “Mein Bruder heisst Robert und ist ein Idiot” (Mon frère s’appelle Robert et c’est un idiot”) de Philipp Gröning, avec au générique l’acteur helvétique Urs Jucker.

Au sein du jury, Tom Tykwer sera notamment épaulé par l’actrice belge Cécile de France, la productrice américaine de “Moonlight” Adele Romanski, le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto ou encore l’historien espagnol du cinéma Chema Prado.

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