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Yello et ses « tableaux sonores»

Le nouvel opus de Yello est dans les bacs. SP

«Motion Picture», c’est le titre que porte le nouvel opus de Yello, alias Boris Blank et Dieter Meier. Yello, duo aussi zurichois qu’électronique, dont l’impact fut mondial dès le début des années 80.

«Motion Picture», c’est le titre que porte le nouvel opus de Yello, alias Boris Blank et Dieter Meier. Yello, duo aussi zurichois qu’électronique, dont l’impact fut mondial dès le début des années 80.

Pendant les seventies, il y eut le groupe allemand Kraftwerk, sa «Radioactcivity» planante et son «Autobahn» robotique. Avec les années 80 éclata Yello, ses «Vicious Games» sensuels, et son «The Race» comique et balancé. Kraftwerk et Yello, deux groupes pionniers de la musique dite électronique, et pourtant deux approches totalement différentes.

Gare à l’uniformité

Aujourd’hui, alors que «techno» est devenu un mouvement planétaire, comment Dieter Meier, la voix de Yello, regarde-t-il ce courant qu’il a participé à créer? «J’aime cette tendance, mais l’élément musical n’est qu’une partie de cet ensemble très tribal, un mouvement dont la danse est le centre. Cette musique-là ne vit que comme un aspect du culte. Hors de ce contexte, elle n’existe pas.»

Pourtant, la musique de Yello est façonnée, elle aussi, à coup de synthétiseurs, de samplers et de loops. Où se niche donc la différence? «Avec Yello, nous avons employé la technique du sampling avant même que les samplers ne soient inventés, en employant des bandes magnétiques, et c’est donc une méthode qui nous est organique! Mais aujourd’hui, la technologie est si incroyable, les possibilités tellement vastes que, souvent, les gens ne savent pas employer cette liberté, et tout devient très uniforme: au lieu que ce soit le musicien qui joue de son instrument, c’est l’instrument qui joue le musicien! Or l’essence de la musique, c’est qu’il y ait un cœur et de l’émotion, le reste n’a aucune importance. Sinon, «The medium is the message», comme le disait Marshall Mc Luhan».

Des sons et une voix

D’aucuns apprécieront. Quoi qu’il en soit, le nouvel album de Yello fonctionne, et plutôt bien. Surtout, et comme toujours, le duo y est immédiatement identifiable. On y retrouve les incroyables bidouillages sonores de Boris Blank, qui vous donnent envie de démonter vos hauts-parleurs pour comprendre ce qui s’y passe. Et noyé dans ces «tableaux sonores», la voix d’outre-tombe de Dieter Meier, clown futuriste sur «Squeeze Please», crooner moderne sur «Croissant bleu». Climats. Rythmes. Mélodies.

«Moi, j’aime pas l’rock», chantait Jean Yanne dans les années 60. De mon côté, à l’instar de nombreux quadragénaires ou presque abreuvés aux guitares hurlantes des seventies, j’aurais une vague tendance à hausser les épaules en disant: «Moi, j’aime pas la techno». Et pourtant, j’aime Yello. Ce paradoxe autorise plusieurs postulats. Par exemple, que Yello, ce n’est pas de la techno. Ou alors, que c’est de la techno qui ratisse large. Ou qui ratisse mieux. Ou enfin que j’aime la techno sans le savoir. Difficile de trancher.

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