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La victoire d’Obama saluée en Suisse

Barack Obama a également fait chavirer le coeur des Démocrates de Suisse. AFP

En Suisse aussi, les partisans de Barack Obama ont célébré la réélection de leur candidat. Les politiciens helvétiques se montrent généralement satisfaits tandis que la presse souligne la division profonde qui marque une nouvelle fois les Etats-Unis après la victoire démocrate.

Réunis toute la nuit à l’Uptown Geneva, un café-théâtre du centre-ville de la Cité de Calvin,  les Démocrates de Suisse ont manifesté bruyamment leur joie à l’annonce de la victoire de Barack Obama. Longues embrassades, cris de joie, pleurs et soulagement ont résonné durant de longues minutes. swissinfo.ch a recueilli leurs témoignages.

«Je me sens totalement soulagée, dépassée par les événements et très, très fière du vote», a ainsi déclaré Sarah Burkhalter, historienne de l’art à l’université de Genève. «Mais je suis également consciente que le pays est très divisé. La priorité sera de remettre l’économie en marche, de s’assurer que la réforme du système de santé se poursuive et que le président applique les autres promesses de campagne».

Will, du Maryland, n’a pas non plus caché sa satisfaction: «Le résultat a longtemps été incertain. Je suis simplement soulagé que les choses aient tourné de cette façon. Obama doit maintenant comprendre qui sont ses opposants et admettre que ses électeurs attendent des actions concrètes en ce qui concerne le changement climatique et les investissements dans l’éducation et les infrastructures. Les gens qui ont voté pour lui ont des espoirs et des désirs – nous allons voir ce qu’il en adviendra cette fois-ci».

Joie et grandes attentes

«C’est une libération pour nous, les Américains de l’étranger», a quant à elle déclaré Therese Betchov. «Nous avons observé le tête-à-tête extrêmement serré et la division idéologique entre les deux candidats. C’est un événement significatif, une victoire importante qui envoie un message fort pour l’Amérique».

Mark, de Floride, a joint sa voix au cortège de félicitations. «Ce fut une grande bataille cette nuit. Les Démocrates ont véritablement prouvé leur soutien indéfectible tout au long de l’année. Mais il reste toutefois d’importants progrès à accomplir aux Etats-Unis; j’espère que le candidat que nous avons réélu sera le bon pour mener à bien cette tâche».

Eleanor T.Khonje est persuadée que des changements importants auront lieu ces quatre prochaines années. Mais avant de penser aux prochains obstacles auxquels devra faire face Barack Obama, elle veut simplement profiter à fond du moment présent: «Je suis si heureuse, c’est le moment le plus important de ma vie après la première victoire de 2008».

Ambassadeur «agréablement surpris»

Lors d’une fête organisée par l’ambassade américaine dans un café de Berne Donald S.Beyer, s’est quant à lui dit «très heureux» et «agréablement surpris» par le très bon score du président sortant. Au micro de swissinfo.ch,  l’ambassadeur des Etats-Unis a dit espérer que le président Obama rende une visite officielle en Suisse durant son second mandat.

«Les Etats-Unis vont pouvoir continuer à bâtir une relation multilatérale très forte avec le monde», a aussi déclaré l’ambassadeur démocrate. «Je pense que cette relation va aussi s’intensifier avec la Suisse», a assuré Donald Beyer, qui est un soutien important et un ami proche de Barack Obama.

Le chef de la diplomatie helvétique Didier Burkhalter a quant à lui estimé sur les ondes de la Radio télévision suisse (RTS) que la situation est désormais «clarifiée» en ce qui concerne les dossiers fiscaux et bancaire, qui empoisonent depuis 2008 les relations entre les deux pays. Le deuxième et dernier mandat de Barack Obama va permettre aux deux pays d’avancer «sans systématiquement imaginer la période électorale», a affirmé Didier Burkhalter.

Les politiciens satisfaits

Du côté des partis politiques suisses, hormis l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), tous se disent satisfaits de la réélection de Barack Obama. Même s’il ne partage pas toutes les idées de Barack Obama, mais apprécie en revanche sa personnalité, le président du Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit) Christophe Darbellay déclare être «content» de l’élection du président démocrate sortant. Il estime toutefois que son second mandat sera «très difficile voire plus compliqué» que le premier.

S’agissant des relations entre la Suisse et les Etats-Unis, Christophe Darbellay pense que la situation sur les fronts de l’accord fiscal et du secret bancaire restera «tendue  et que ces sujets resteront «épineux». Le président du Parti libéral-radical (PLR / droite) Philipp Müller ne voit lui pas de durcissement des positions sur ces deux volets des relations entre Berne et Washington. Il voit dans la réélection de Barack Obama la possibilité de poursuivre le dialogue avec les mêmes interlocuteurs, du fait qu’une bonne partie de l’administration devrait rester en place.

Co-présidente du parti des Verts, Adèle Thorens se dit «enchantée» par la réélection de Barack Obama, même si au niveau écologique, il n’y a pas eu de révolution sous son administration. Elle affirme avoir plus d’espoir sur les thématiques environnementales, notamment le changement climatique, avec le démocrate qu’avec son adversaire républicain Mitt Romney.

Du côté de l’UDC, le vice-président Oskar Freysinger se dit «un peu déçu» de la défaite de Mitt Romney, même si ce n’est pas une surprise pour lui. «Mitt Romney a fait un parcours honorable, il méritait ce poste, il avait fait ses preuves» comme entrepreneur et gestionnaire, juge Oskar Freysinger. Il estime lui qu’avec le républicain «la pression aurait peut-être été moins grande sur la Suisse dans les dossiers fiscaux et bancaires.»

Un pays divisé

Les grands titres de la presse helvétique n’ont pas tardé à commenter la réélection du président sortant sur leurs sites internet. Sous le titre, «l’Amérique donne plus de temps à Barack Obama», la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) souligne que le candidat démocrate a certes réussi sa réélection, mais que le pays n’en reste pas moins divisé politiquement. «Plus que jamais, la Maison Blanche devra jeter des ponts. Sans compromis à Washington, l’Amérique risque d’être confrontée à une dangereuse division politique dans le futur», relève la NZZ

Pour le Tages-Anzeiger, le résultat de l’élection présidentielle est un peu à l’image du premier mandat de Barack Obama: «assez serré et plutôt terne». Le quotidien zurichois rappelle qu’au vu des résultats plutôt maigres obtenus durant ses quatre premières années à la Maison Blanche, le président a mené sa campagne de réélection sans afficher de grands projets. Son programme s’est résumé à un slogan: «Forward».

Dans l’autre camp, l’extrémisme des Républicains a causé leur perte, estime le Tages-Anzeiger: «Personne, pas même ses plus grands soutiens, n’ont pu dire ce qu’une présidence de Mitt Romney aurait pu amener au monde». Une conjonction de facteurs qui présente au moins un avantage pour Barack Obama: «Les attentes ne sont pas très élevées».

Barack Obama a défié les statistiques, puisque jusqu’ici aucun président n’avait été réélu avec un taux de chômage de plus de 7,2% depuis Franklin D.Roosevelt, analyse pour sa part Le Temps. Le président sortant doit surtout sa victoire aux femmes, qui ont sanctionné «les positions parfois extrêmes de certains membres du Parti républicain en matière d’avortement et de contraception», et aux Hispaniques, qui «ont sans doute fait la différence dans plusieurs Etats indécis». Le quotidien genevois souligne cependant à son tour que «la victoire d’Obama n’en marque pas moins une très profonde division du pays».

Tammy Baldwin sera la première sénatrice ouvertement homosexuelle de l’histoire américaine. Cette élue du Wisconsin était jusqu’ici co-présidente du caucus des «Amis de la Suisse» à la Chambre des représentants.

«Ne vous y trompez pas, je suis fière d’être une progressiste du Wisconsin», a déclaré après sa victoire la démocrate Tammy Baldwin, dont l’homosexualité affichée n’avait toutefois pas dominé l’âpre campagne dans cet Etat du nord du pays.

Agée de 50 ans, Tammy  Baldwin siégeait auparavant à la Chambre des représentants, dont elle avait déjà été la première élue ouvertement lesbienne. Après sa victoire mardi, cette élue très engagée sur la situation au Moyen-Orient accède désormais au Sénat, chambre plus traditionnelle et plus prestigieuse du Congrès américain.

Parmi les cinq membres du caucus des Amis de la Suisse au Sénat, trois étaient concernés par l’élection de mardi. La démocrate Amy Klobuchar, co-présidente de ce groupe avec le républicain Rob Portman, a été réélue avec 65% des voix face à son adversaire républicain Kurt Bills dans le Minnesota, selon CNN.

Un autre démocrate, Joe Manchin, élu en 2010 après le décès de Robert Byrd, a obtenu un nouveau mandat face au républicain John Raese en Virginie occidentale. Et le républicain John Barrasso l’a emporté dans le Wyoming.

Source: ATS

Sur les 6,32 millions d’Américains vivant à l’étranger, selon l’Association des résidents américains d’outremer, environ 30.000 sont enregistrés

en Suisse.

L’Europe en compte 1,2 million.

Le continent américain 2,6 millions.

Le Moyen-Orient 870’000.

L’Asie de l’est et du sud-est 854’000.

L’Asie centrale 212’000.

L’Afrique 171’000

(les troupes américaines ne sont pas incluses dans ces chiffres)

 

Source: Association of Americans Resident Overseas et swissinfo.ch

(avec les agences)

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