Des perspectives suisses en 10 langues

Ça gazouille de la plaine du Paléo

Iggy, chanteur historique des historiques Stooges, face à une foule pas vraiment hystérique. Keystone

Du hard, du garage, du rap, de l’électro, du beatbox et même un poète maudit: la 35e édition du Paléo est lancée et bien lancée. Au fil du programme et en toute subjectivité, quelques tweets (comme on dit sur twitter) presque en direct du terrain.

18h30 – N*E*R*D
pour No One Ever Really Dies (personne ne meurt jamais vraiment). Bel optimisme, belle énergie. Hip-hop mâtiné de groove et de reggae, jamais très loin du rock. Rarement vu autant de monde devant la Grande Scène à une heure pareille. Surtout qu’il fait encore si chaud !
18h45
A la radio Couleur 3, ils disent que c’est surtout Tatiana, la danseuse du groupe qui scotche la foule. Ils ont dû trop regarder et pas assez écouter. La musique est très belle aussi.

19h45 – Iggy and the Stooges
40 ans après, avec (presque) le groupe d’origine. Raw Power (Force Brute). Si vous avez aimé l’iguane en dandy décadent, période Berlin-Bowie, oubliez. Ici, c’est retour au radicalisme et au minimalisme du «garage band» qui fit flasher les premiers punks.
19h55
Iggy a tombé la veste dès le premier titre. C’est sa marque de fabrique, comme cette drôle de posture de canard, quand il se cramponne à son pied de micro. Il a toujours le torse d’athlète, mais avec ses veines saillantes, sa peau ridée et son visage buriné, il commence à ressembler à un acteur grimé en zombie.
20h13
«Nous sommes les fucking Stooges», qu’il a dit, avant de faire monter une trentaine de spectateurs sur la scène pour «s’éclater avec les Stooges».
20h20
Les heureux élus sont retournés s’éclater dans la poussière. Et dans les rangs du fond, on bâille un peu.
20h31
Le set touche à sa fin, encore un Death Trip et un No Fun en rappel.
20h45
Et alors, cette Force Brute ? Ouais, il a encore de la voix, mais il est plus convaincant sur les titres lents comme Gimmie Danger ou Fun House, où il prend des accents morrisoniens. Sinon… ben, le garage et le punk, c’est trois accords. Vous en vouliez plus ?

21h03 – Le Peuple de l’Herbe
est sous le chapiteau. Depuis que c’est interdit, ils n’en fument plus sur scène (de l’herbe). Mais ils en ont un peu marre qu’on leur parle de ça. Ils préfèrent qu’on parle de leur musique.
21h10
Et quelle musique ! Expérimentale. Ils juxtaposent rap, funk, dub, électro, concassent et forgent les tempos, les sons et les couleurs en une palette tellement plus riche que celle des «fucking Stooges». Et leur beat est tellement plus entraînant. Comparaison n’est pas raison, mais on est aussi là pour s’amuser.
21h13
JC 001 se lance dans son numéro de beatbox. Epoustouflant. Moi naïf, je ne pensais pas que la bouche humaine puisse produire autant de sons et de rythmes.
21h30
Et dire que c’est leur quatrième passage à Paléo. Mais qu’ai-je donc fait toutes ces années ?…

21h45 – Motörhead
Je les avais vu en 1976, à la Roundhouse de Londres. Ils n’avaient pas de maison de disque et sur les affiches, on écrivait encore «ex-Hawkwind», parce que Lemmy venait de se faire virer de ce groupe alors très coté «pour avoir pris la mauvaise drogue» (sic). Entendez une qui rend speed au lieu de rendre cool. Je me souviens surtout de l’impression d’assister à un tremblement de terre.
21h50
L’impression est toujours là. C’est que Lemmy fait de sa basse un usage à lui seul réservé: il joue en accords, comme on mouline sur une guitare rythmique. Du coup, le soliste est un vrai soliste. Et comme le batteur est aussi un vrai batteur, la musique du power trio est bien plus épaisse que celle des «fucking…. qui déjà ?»
22h17
Epaisse, on vous disait. Et un peu répétitive quand même…

22h30 – Damien Saez
En 1999, il se proclamait Jeune et Con. 11 ans, plus tard, il n’est plus aussi jeune. Ne serait-il plus non plus aussi… ?
22h32
Intro aux guitares, incantatoire et très rock. Le soliste, un joli brun bien frisé tout comme il faut, martèle inlassablement les deux mêmes riffs. Mais il a l’attitude. Genre «j’ai beaucoup joué à Guitar Hero».
22h36
Arrivée du poète maudit. Barbe de deux jours, savamment décoiffé par Dessange, attitude pensive et inspirée. Il nous balance trois minutes de monologue. Ce doit être son J’accuse (excuse… du peu), titre du dernier album… mais bon, même a capella, on pige keud’.
22h40
Il allume une clope sur scène. Personne dans le public du chapiteau n’a encore osé le faire.
22h50
– «Est-ce que vous m’entendez bien ? Je n’en ai pas l’impression». A part les trois filles du premier rang qui fredonnent les paroles comme on récite son bréviaire, le public peine à reprendre en chœur les perles du poète. Alors il critique les limitations de décibels dans les concerts, les excès de la sécurité, les interdits… Du coup, on comprend la cigarette. Le geste était politique. Saez est un rebelle.
23h12
Ça suffira pour moi. Même si la musique est intéressante (quelque part entre Noir Désir et Kyo), les mots du maître continuent à m’échapper. Et si, au lieu des décibels, c’était sa diction ? Ou cet accent pompeux dont il emballe son propos ?

Bonus – jugez sur pièces
Tirées de son site web, voici les premières strophes du J’accuse de Damien Saez, chanteur engagé
Faut du gasoil dans la bagnole
La carte bleue dans la chatte
Faut de la dinde pour Noël
Faut bronzer pendant les vacances
Faut du forfait, faut du forfait
Pour oublier la solitude
Faut des gonzesses à la télé
Ouais faut des pilules pour bander
Faut du gazon dans les tabacs
Il faudrait arrêter d’fumer


23h45 – NTM
Le gros morceau de la soirée. Kool Shen et Joey Starr à nouveau complices, deux forgerons aux platines et parfois aux percussions, un son énorme, des lumières puissantes, une foule immense, une foule conquise. Paléo 2010, c’est cool, man !

Marc-André Miserez, swissinfo.ch au Paléo

M, Olivia Ruiz, Benjamin Biolay, Charlie Winston, Laurent Garnier “LIVE”, Foals, Baddies, Asaf Avidan & The Mojos, The Experimental Tropic Blues Band, Stevans, Mark Berube, My Heart Belongs To Cecilia Winter, Rectangle, Fai Baba.
Et au Village du Monde (Afrique australe): The Very Best, Mahotella Queens, EJ von LYRIK.

1500 billets en vente.
Le festival est «sold out» depuis longtemps et aucun billet n’est vendu légalement sur place. Toutefois, pour essayer de casser le marché noir, Paléo met en vente chaque matin dès 9 heures 1500 billets pour le soir même. A saisir sur son site web ou dans les points de vente ticketcorner.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision