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«(ob)seen», zoom sur l’intimité

«(ob)seen», ou l’impudeur comme reflet de l’époque. Mario Del Curto

Philippe Saire entame une longue tournée suisse avec sa nouvelle création donnée à Berne.

La pièce du chorégraphe lausannois questionne les images indécentes qui nous assaillent.

Il y a des liens, des pistes que Philippe Saire suit de spectacle en spectacle. «Les Affluents», sa précédente pièce chorégraphique, a des ramifications qui s’étendent à «(ob)seen», sa nouvelle création donnée ce week-end à Berne, avant une longue tournée suisse.

On peut y voir un jeu de mots entre obscénité et «be seen» (être vu). Mais pas seulement. Car «(ob)seen» développe une thématique abordée en 2001 dans «Les Affluents»: le besoin de reconnaissance propre à tout être humain.

«Par la reconnaissance, nous expliquait à l’époque Philippe Saire, on réclame l’amour. Celui que les autres nous refusent et qui finit par prendre la forme d’une supplique désespérée».

Même inquiétude dans «(ob)seen», sauf qu’ici le besoin s’acoquine avec l’impudeur. Ou, si l’on préfère, avec un déballage d’intimité qu’encouragent la télévision, la presse people ou le Net.

«Je pense surtout, commente le chorégraphe, aux émissions de télé réalité. Les gens y viennent pour se dévoiler devant une caméra et gagner ainsi une forme de reconnaissance.»

Images érotiques

Aussi, «(ob)seen» peut-il se déchiffrer comme «une réaction à une dérive»; comme un questionnement des images indécentes projetées ou couchées sur du papier glacé et qui nous agressent.

«Le problème est de savoir, poursuit Saire, jusqu’où vont les limites de ce qui peut être montré.» A cette interrogation, la pièce ne prétend apporter aucune réponse. Elle propose juste une mise en évidence d’images érotiques ou choquantes.

Images construites par les corps des danseurs qui contiennent, comme l’explique le chorégraphe, une charge plus forte que celle suscitée par l’écran.

«L’interprète en chair et en os, dit-il, établit entre la scène et la salle un rapport d’intimité plus dérangeant qu’à la télé, par exemple, où l’écran crée une relation de distance entre le regardant et le regardé.»

swissinfo, Ghania Adamo

Créé ce week-end à la Dampfzentrale de Berne, ce spectacle sera à Lausanne (12 au 23 novembre),
à Yverdon-les-Bains (27 novembre),
à La Chaux-de-Fonds (16 et 17 janvier),
à Zurich (28 au 31 janvier).

– Né en Algérie, Philippe Saire y passe les cinq premières années de sa vie. Volleyeur de compétition et dessinateur doué, il devient instituteur. Il découvre par la suite le théâtre, qui le mène à la danse puis à la chorégraphie.

– Formation chez Philippe Dahlmann (1977-1984) et Noemi Lapzeson (1980).

– Il crée sa compagnie à Morges en 1986. En 1995, elle s’installe à Lausanne, au Théâtre Sévelin 36.

– Un lieu consacré à la danse contemporaine, qui constitue un espace de programmation pour des compagnies suisses et étrangères mais aussi une plate-forme pour le Festival international de danse de Lausanne et Les Printemps de Sévelin.

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