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«Augmentez les salaires – cap sur l’égalité !»

Bonne fréquentation cette année pour les manifs du 1er Mai. Keystone

Des milliers de personnes ont défilé lundi dans plusieurs villes de Suisse à l'occasion du 1er Mai, fustigeant notamment la cupidité des «capitaines de l'économie».

A Zurich, comme de coutume, la fête a été marquée par des affrontements entre policiers et manifestants masqués, qui ont délogé de la tribune le président de la Confédération Moritz Leuenberger.

Une bonne dizaine de milliers de personnes ont participé aux rassemblements organisés dans les principales villes suisses à l’occasion de la fête du Travail, notamment à Genève, Lausanne, Sion, Delémont, Neuchâtel, Fribourg, Berne, Bâle et Zurich.

A Genève, un millier de personnes – 2.000 selon les syndicats – ont défilé pour dire «Non à l’exclusion et à la xénophobie» et pour manifester leur opposition au durcissement des lois sur l’asile et les étrangers, soumises au vote le 24 septembre prochain.

A Lausanne, la manifestation était également axée sur la défense des droits fondamentaux. Parmi les orateurs figurait Nicolas Wuillemin, l’un des grévistes de l’usine Swissmetal de Reconvilier.

D’ailleurs, le conflit social récemment vécu dans le Jura bernois a beaucoup fait parler de lui en cette journée du 1er Mai. A Sion notamment, le vice-président du Syndicat Unia, Renzo Ambrosetti, a fustigé le démantèlement insidieux des fleurons industriels suisses, sacrifiés sur l’autel de la logique boursière.

Des salaires plus hauts

Toutefois, c’est l’augmentation générale des salaires qui figurait au centre des revendication des syndicats.

En période de croissance, il est temps que les salariés profitent enfin de la hausse de la productivité, a réclamé Paul Rechsteinerà Interlaken, député et président de l’Union syndicale suisse (USS).

«Renforcer le pouvoir d’achat des salariés donnerait un formidable coup de pouce à la croissance», a souligné de son côté Hans-Jürg Fehr, président du Parti socialiste. En relavant que, ces quinze dernières années, les salaires réels n’ont augmenté que d’un minuscule 0,4% par an.

Et Hans-Jürg Fehr de dénoncer les «salaires mirobolants» des grands patrons en rappelant que «10% de la population possède presque tout et 90% presque rien».

L’égalité homme-femme

A Berne, le président du Syndicat de la Communication, Christian Levrat, a dénoncé la «passivité révoltante» du monde politique face à l’inégalité salariale dont souffrent les femmes.

Les femmes ont beau représenter 44% de la population active, a-t-il relevé, elles ne touchent que 31% de la masse salariale. Et, pour un travail égal, elles gagnent, aujourd’hui encore, 20% de moins que les hommes.

Par ailleurs, Christian Levrat a, lui aussi, dénoncé l’écart croissant entre les hauts et les bas salaires.

Et de citer l’exemple de l’employé le plus modeste de l’Union de banque suisse qui aurait besoin de «550 années de travail pour gagner les 24 millions que son patron Marcel Ospel touche chaque année».

Le président chahuté

Comme tous les ans, c’est à Zurich que la mobilisation a été la plus forte. Près de 4’000 personnes ont manifesté sous haute surveillance policière.

A noter qu’une centaine de membres masqués du «bloc noir» ont pris d’assaut le podium sur lequel se trouvait le président de la Confédération.

Les casseurs ont démoli une partie de la tribune sous les yeux d’un millier de personnes et sans que la police n’intervienne.

Moritz Leuenberger – qui parlait de néolibéralisme croissant et de solidarité internationale – a dû interrompre son discours et se replier dans l’urgence.

swissinfo et les agences

– En Suisse, un quart des travailleurs et travailleuses sont syndiqués. C’est peu, mais plus qu’aux Pays-Bas, en Grèce, Espagne et en France.

– La plupart des syndicats et organisations professionnelles sont chapeautés par deux principales associations faîtières: l’Union syndicale suisse (USS), qui regroupe 16 syndicats totalisant environ 380’000 membres; et Travail.Suisse, avec 13 syndicats et environ 160’000 membres.

– En 2003, le monde du travail était régi par 594 Conventions collectives de travail (CCT, accords conclus entre associations de travailleurs et d’employeurs) regroupant 1,414 million de salariés.

Le 1er Mai est le seul jour férié de portée universelle indépendant de toute religion.
La date rappelle la grève sanglante de Chicago en 1886 pour obtenir la journée de 8 heures.
En 1889, le congrès socialiste international proclame le 1er mai jour de revendication des travailleurs.
En Suisse, le 1er Mai 1890 est fêté dans 34 localités. L’Union syndicale suisse compte alors 5000 membres et le Parti socialiste a 9 mois d’existence. Aujourd’hui encore, ce n’est pas un jour férié officiel.
Dès 1968, le 1er Mai se colore avec l’apparition des mouvements d’extrême gauche et des communautés étrangères.

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