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«C’est le dernier qui se fait mordre»

Mario Corti n'entend pas payer pour les erreurs des autres. Keystone

L'avocat de Mario Corti, le dernier boss du groupe Swissair, réclame l'acquittement et un dédommagement pour son client. Le procès de Bülach n'a été qu'un «procès-spectacle».

L’avocat a rappelé que Mario Corti avait été le seul membre de conseil d’administration à tenter de sauver Swissair. Mais «c’est le dernier qui se fait mordre», a-t-il affirmé.

Lundi, au Tribunal de district de Bülach, Paul Ramer a cherché à redorer l’image de son client, dépeint par l’accusation comme le principal coupable de la débâcle de Swissair.

L’accusation mène un procès-spectacle, dans lequel elle fait de Mario Corti le symbole de la chute de Swissair, a-t-il déclaré en préambule de son plaidoyer. On peut se demander si on ne se trouve pas à la limite de «l’appel au meurtre», a lancé l’avocat zurichois avec virulence.

Le dernier patron de SAirGroup, de mai à octobre 2001, est accusé d’erreurs dont il n’est pas responsable. «C’est le dernier qui se fait mordre», a affirmé Paul Ramer devant le tribunal.

«Courage» mis en exergue

Mario Corti a rejoint le conseil d’administration du groupe en 2000, alors que la stratégie «du chasseur» consistant à acquérir des participations dans des compagnies étrangères était déjà lancée. Il est le seul à être resté alors que la situation se détériorait et que les autres administrateurs démissionnaient.

Il a eu le «courage» de reprendre la direction de SAirGroup pour essayer de préserver 70’000 emplois dans le monde. Il était convaincu de pouvoir sauver le groupe et a abandonné pour cela la sécurité de son poste de chef des finances de Nestlé, a déclaré Maître Ramer.

Le Ministère public a pourtant requis 28 mois de prison, dont six ferme, et une peine pécuniaire de 1,08 million de francs avec sursis contre Mario Corti. Le seul des 19 accusés contre qui pèse une peine ferme est accusé de gestion déloyale, gestion fautive, faux renseignements, diminution effective de l’actif au préjudice des créanciers et avantages accordés à des créanciers.

Expert critiqué

Comme les autres défenseurs à avoir plaidé jusqu’ici, Paul Ramer a dénoncé le manque d’objectivité du rapport de l’expert. Celui-ci a écrit une partie de l’acte d’accusation. Il est à la fois procureur et expert, a affirmé l’avocat en ajoutant n’avoir jamais vu une telle situation de sa vie.

Selon l’avocat, les conclusions et les chiffres de l’expertise sont erronés. Il est faux de penser que le conseil d’administration aurait dû prendre en compte le surendettement du groupe dans sa réflexion dès 2000, a estimé M. Ramer.

Document «explosif»

Le retour de Mario Corti devant la Cour a une fois de plus attisé la curiosité du public et des médias. Son capital-sympathie ne faiblit pas non plus: comme il le fait depuis le début du procès, le dernier patron de Swissair s’est mêlé à la foule durant la pause.

Le plaidoyer de la défense de Mario Corti se poursuit mardi. Outre l’acquittement, l’avocat demande un dédommagement «conséquent» pour son client. Le dernier patron de SAirGroup a d’ores et déjà annoncé vouloir présenter un document «explosif» à l’issue de la plaidoirie.

swissinfo et les agences

Le procès de la débâcle du groupe Swissair a commencé le 16 janvier devant le Tribunal de district de Bülach et dure jusqu’au 9 mars. La comparution des 19 accusés s’est terminée le 5 février.

Les audiences sont publiques. La salle communale de Bülach peut accueillir jusqu’à 1500 personnes. La date de publication du verdict n’est pas arrêtée.

L’acte d’accusation occupe une centaine de pages. Les actes du dossier remplissent 4150 classeurs.

Le Ministère public zurichois a auditionné plus de 300 personnes pendant 40’000 heures et a ordonné vingt perquisitions.

Une première version de l’acte d’accusation, publiée de 30 mars 2006, avait été rejetée par la cour pour insuffisances. La version retravaillée a été rendue durant l’été et publiée début janvier.

La date du verdict n’est pas encore connue.

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