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«Crime de guerre»: Jakob Kellenberger corrige le tir

Jakob Kellenberger s'est distancié des propos du délégué en Israël. Keystone Archive

Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) n'utilisera plus le terme de «crime de guerre» pour qualifier l'implantation de colonies juives en territoire palestinien. Le président du CICR, Jakob Kellenberger, l'a assuré par écrit à un congressiste américain.

«Nous sommes là dans des questions juridiques et il est vrai que le terme de crime de guerre n’est pas correct», explique Vincent Lusser, porte-parole du CICR pour la zone Europe/Moyen-Orient. Néanmoins, cette «lettre de clarification» ne doit pas masquer la réalité du terrain.

«Pour nous, les colonies sont une violation de l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève, et nous avons dit depuis des années très clairement que ces implantations ont des conséquences humanitaires graves, poursuit l’attaché de presse. Nous dirions même que, dans le cadre de cette 2e intifada, ces colonies sont une des causes de la violence.»

Ce terme de «crime de guerre» avait été utilisé le 17 mai par René Kosirnik, chef de la délégation du CICR en Israël et dans les territoires palestiniens. Cette déclaration avait naturellement provoqué l’irritation de l’Etat hébreu, mais aussi de l’Américain Eliot Engel.

Membre du Parti démocrate et représentant de New York au Congrès américain, Eliot Engel estime que l’utilisation d’un tel terme est incompatible avec la neutralité requise pour que le CICR puisse mener sa mission à bien. Le politicien avait en outre rappelé qu’il est membre du Congrès et que celui-ci vote la contribution américaine au CICR.

«Je comprends que vous ne puissiez accepter que les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens soient qualifiées de crimes de guerre et je partage votre sentiment à ce sujet», lui a répondu, dans une lettre, Jakob Kellenberger.

Le président du CICR a par ailleurs souligné qu’il convient d’être prudent dans le choix des termes, spécialement lorsqu’ils ont une signification particulièrement tragique. «C’est certainement le cas pour le terme de crime de guerre, si l’on prend en compte la tragédie vécue par le peuple juif», écrit-il encore.

Jakob Kellenberger déclare enfin que cet écart de langage ne se reproduira plus: «la référence à ce sujet, le 17 mai, était inappropriée et ne sera pas répétée».

Un haut fonctionnaire du CICR s’est par ailleurs excusé par écrit auprès de Yaacov Lévy, l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, à Genève. Dans ce message, il affirme que les paroles de René Kosirnik n’expriment qu’une «opinion personnelle» et qu’elles ne peuvent en aucune manière être interprétées comme «l’amorce d’une nouvelle politique».

Le haut fonctionnaire a également donné l’assurance que le terme «crime de guerre» ne sera plus employé. De son côté, l’Etat hébreu considère que l’incident est clos et ne demandera pas le retrait de René Kosirnik.

Au cœur de cette polémique, on trouve les colonies qui sont une perpétuelle source de tensions. En effet, près de 200 000 personnes vivent dans les 145 implantations juives installées parmi les 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, des territoires envahis par Israël lors de la guerre de 1967.

swissinfo avec les agences

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