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«Diamants sales»: la Suisse veut renforcer le contrôle des ports francs

En Sierra Leone, les diamants sont le nerf de la guerre. Keystone Archive

La Suisse, comme l'ONU, veut arrêter le trafic de «pierres sales» qui financent les guerres en Afrique, notamment en Angola et en Sierra Leone. Or, les diamants transitent souvent par les ports francs de Genève et de Zurich.

Pour lutter contre les «diamants de sang», il ne suffit pas d’en interdire l’exportation, comme l’a décidé le Conseil de sécurité de l’ONU le 5 juillet 2000, et le Conseil fédéral un mois et demi après. En effet, les rebelles du Front révolutionnaire uni de Sierra Leone ont vite détourné l’embargo. Ils sont passés par le Liberia voisin pour écouler leurs diamants en Suisse..

Les exportations de pierres précieuses venant du Liberia, qui n’étaient pas interdites, ont ainsi grimpé de 13 millions de francs en 1998 à 45 millions pour les six premiers mois de 2000. L’ONU vient une nouvelle fois d’épingler la Suisse pour des diamants de Sierra Leone et d’Angola qui ne sont pas passés par la Suisse.

Des diamants qui séjournent dans les entrepôts des ports francs de Genève et de Zurich. Où ils jouissent d’une discrétion absolue à l’abri d’un régime extraterritorial et hors douane. Ces zones franches accueillent aussi bien des tapis anciens que des lingots d’or, des bouteilles de vin et des pierres précieuses. En 1997, la justice y avait saisi 10.000 objets provenant de fouilles clandestines en Italie.

Berne vient donc de décider non seulement de contrôler la quantité de diamants livrés dans les Ports francs et leur origine, mais aussi de vérifier que les pierres qui en ressortent correspondent bien à celles qui y entrent. Selon un rapport de l’ONU, certaines salles des zones franches seraient exclusivement réservées aux diamantaires.

«C’est exact que nous commercialisons des diamants pour pouvoir survivre. Mais ces ventes s’effectuent sur le territoire angolais, pas en Suisse», affirme Joao Vahekeni, membre de l’UNITA, le mouvement rebelle en lutte contre le régime de Luanda.

Bien que ce puissant mouvement de guérilla ait été fondé en Suisse par Jonas Savimbi, la Confédération «ne joue plus de rôle stratégique», ajoute le représentant de l’UNITA, installé à La Tour de Peilz, dans le canton de Vaud.

Ian Hamel

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