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«J’ai été surpris par leur bonne forme»

Markus Gurt, psychologue de la police zurichoise, a accompagné les otages durant le vol du retour.

But de ces premières discussions: préparer les ex-otages à la vie normale. Car les retombées psychologiques risquent encore de survenir.

Comme les polices cantonales argovienne et appenzelloise, les Zurichois ont participé à la cellule de crise mise en place à Berne. C’est dans ce cadre-là que Markus Gurt, psychologue de la police cantonale, est parti à Bamako dimanche avec l’ambassadeur Peter Sutter.

L’homme est expérimenté: il a déjà servi de négociateur dans des cas de prises d’otages et est intervenu après des accidents d’avion, ainsi qu’après la fusillade de Zoug.

«J’ai pu parler environ une heure avec chacun d’entre eux dans le vol de retour, raconte Markus Gurt à swissinfo. J’ai été surpris par leur bonne forme. Quand on pense à ce qu’ils ont vécu, cela pourrait être pire.»

Une reprise difficile

«La première prise en charge psychologique après une libération consiste à les préparer à reprendre une vie normale, poursuit Markus Gurt. Or leur vie ne sera plus jamais comme avant. Et eux-mêmes ont changé durant leur captivité.»

Selon Markus Gurt, le plus difficile, psychologiquement, est peut-être à venir pour les otages. D’autant plus qu’ils n’ont pas eu une minute à eux pour réfléchir à ce qui leur était arrivé.

«Ils ont été constamment au centre de l’attention», explique Markus Gurt.

Le psychologue a donc expliqué aux quatre Suisses les difficultés qui pourraient survenir, celle à réintégrer une vie de couple par exemple.

De la compréhension pour les kidnappeurs

«Il peut arriver que des manifestations d’agressivité surviennent, après coup. Certaines personnes peuvent, par ailleurs, avoir des troubles de la perception, du toucher, de l’ouïe. A l’inverse, il peut aussi y avoir un refoulement total. »

Les deux proches des otages présents mercredi matin à Kloten ont souligné chacun de leur côté que leurs enfants avaient été bien traités et qu’il fallait avoir de la compréhension pour les kidnappeurs.

Le psychologue ne peut cependant pas encore juger d’un éventuel «syndrome de Stockholm», selon lequel les otages prennent parti pour leurs ravisseurs.

«D’abord, je voudrais dire que ce syndrome ne fait pas l’objet d’une unanimité parmi les psychologues, certains le contestent. Mis à part cela, on ne peut pas encore se prononcer dans le cas présent», répond Markus Gurt.

Dans l’immédiat, Markus Gurt laisse les quatre personnes retrouver leur famille. «Je reste en contact avec eux. La suite n’est pas encore décidée.»

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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