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«L’honneur de l’équipe n’est pas entaché»

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En matière de football, chacun se sent la compétence du spécialiste. Sans doute un peu plus spécialiste que la moyenne, Laurent Favre est député radical (centre droit) et footballeur à ses heures. Il commente la défaite de mercredi soir.

Grand, élancé, puissant, le député du canton de Neuchâtel fraîchement élu au Parlement fédéral est un sportif. A 35 ans, il est milieu de terrain du FC Conseil national. Peau de phoque, vélo, il vient aussi de participer à la Patrouille des Glaciers.

Une thrombose empêche actuellement ce jovial radical très en pointe sur les questions agricoles et d’énergies renouvelables de tutoyer les pelouses.

Lancé dans la dernière ligne droite d’une session parlementaire chargée où l’on a parlé libre-circulation des personnes et aide au développement, Laurent Favre n’en conserve pas moins le regard «footballistique» de ses jeunes années, lorsqu’il œuvrait comme latéral droit pour les équipes de 3e et 4e ligue de son Val-de-Travers natal.

swissinfo: La Suisse est donc éliminée de cet Euro. Votre réaction après le match de mercredi soir?

Laurent Favre: Grande déception, évidemment. On y croyait, surtout après le premier but. L’équipe jouait bien. Elle a fait plaisir. Mais elle a eu des manques au niveau de la finalisation.

Les actions étaient là, mais les joueurs ne se sont pas montrés assez percutants devant le but. Contre les Turcs mais aussi contre les Tchèques, c’est ce qui fait la différence. Les deux fois, ils pouvaient étouffer le match par un but ou un second but.

swissinfo: La Suisse n’a jamais gagné de match dans le cadre d’un tour final de l’Euro. Que lui manque-t-il

LF: Il suffit de voir les équipes du groupe, le niveau est simplement plus élevé dans l’Euro qu’en Coupe du Monde.

J’ai fait mon petit calcul. Seize équipes participent à l’Euro. Au Mondial, il reste seize équipes à l’échelon des huitièmes de finale. Le niveau que l’on atteint au Mondial est donc le même que celui atteint cette fois dans le cadre de l’Euro. C’est peut-être un peu simpliste, mais il y a probablement du juste là-dedans.

swissinfo: A quoi vous attendiez-vous, pour être honnête?

LF: Je m’attendais à mieux. J’espérais les voir atteindre les quarts de finale, voire les demi-finales. Les demi-finales auraient été bien pour le pays. Ils échouent avec, actuellement, zéro point. C’est une grosse déception, mais je n’en veux pas vraiment à l’équipe.

L’équipe a eu un peu de malchance, sur la blessure de Frei et sur les actions non-réalisées. Les joueurs ont, globalement, donné ce qu’ils avaient à donner. Je n’ai pas vu de feignants sur le terrain, l’honneur de l’équipe n’est pas entaché. Il faut accepter cette élimination, c’est le football!

swissinfo: Une élimination si rapide peut-elle avoir un impact sur le moral des Suisses en général?

LF: A court terme… ces quelques jours… (dubitatif). Ma foi, on retourne au travail. Et pour les entreprises, ce n’est peut-être pas plus mal (rires)!

C’est vrai, on a un peu le moral dans les chaussettes. Nous avons tous eu cette utopie de voir la Suisse en finale. Mais nous avons assez d’autres choses dans la vie, en ce pays, pour ne pas tout miser sur le football. Et pour continuer à vivre heureux.

swissinfo: Maintenant que vous pouvez choisir l’équipe que vous souhaitez vraiment soutenir, quelle est-elle?

LF: J’aime beaucoup l’équipe d’Allemagne, depuis toujours. Les Portugais font très plaisir. Ils ont une belle équipe. En plus, ils sont installés à Neuchâtel, avec une belle population portugaise qui les soutient et qui fait particulièrement plaisir: sur les maisons et sur les voitures, on voit très souvent un drapeau portugais et un drapeau suisse. C’est une belle preuve d’intégration. J’espère qu’ils iront le plus loin possible également.

Je ne sais pas si c’est dans l’ordre du possible. Mais un match Portugal-Allemagne serait probablement une très belle finale.

Interview swissinfo, Pierre-François Besson

L’équipe de Suisse a perdu contre la Turquie par 2 à 1 mercredi soir à Bâle. Cette défaite, après celle concédée en ouverture de l’Euro contre la Tchéquie (1-0) rime avec élimination.

La Nati jouera dimanche un match «pour beurre» contre les Portugais, déjà qualifiés pour les quarts de finales après deux victoires.

Cette élimination de l’Euro clôt l’ère de Köbi Kuhn à la tête de l’équipe nationale. L’Allemand Ottmar Hitzfeld en sera le nouvel entraîneur.

Né en 1972 à Fleurier, Laurent Favre est ingénieur agronome et actuel directeur de la Chambre neuchâteloise d’agriculture et de viticulture. Il siège aussi au législatif de sa commune et de son canton.

Arrivé deuxième sur la liste radicale neuchâteloise lors des dernières élections fédérales de l’automne 2007, il a obtenu le siège de député de Didier Burkhalter, élu à la Chambre haute du Parlement.

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