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«Max & Co», un film d’animation très ambitieux

Les frères Frédéric et Samuel Guillaume lors de leur passage à Locarno. swissinfo.ch

Le film d'animation « Max & Co », la production cinématographique la plus ambitieuse de l'histoire du cinéma helvétique, se destine à une carrière internationale.

Conçue et dirigée par les frères Frédéric et Samuel Guillaume, cette œuvre monumentale cumule les records: investissements, moyens techniques, matériel, nombre de collaborateurs…

«Max & Co» aurait dû être projeté en première suisse au Festival international du film de Locarno, qui s’est tenu du 1er au 11 août. Mais pour des questions de distribution, le public devra finalement patienter jusqu’au mois de décembre pour découvrir le film sur grand écran.

Doté d’un budget de 30 millions de francs, il s’agit de la plus grande production suisse de tous les temps, à laquelle ont aussi pris part plusieurs partenaires européens.

A titre de comparaison, le célèbre «Chicken Run», sorti en 2000 a coûté 48,5 millions de francs, «Corpse Bride», du réalisateur américain Tim Burton est budgétisé à 40 millions de francs et les productions en 3D de l’américain Pixar tournent autour des 80 millions de francs.

Esquisses et pixels

A Locarno, faute de voir le film, les spectateurs impatients ont pu découvrir l’atelier de création de «Max & Co» à l’occasion de la Journée du cinéma suisse.

L’occasion de rencontrer les frères jumeaux Frédéric et Samuel Guillaume, qui s’expriment avec un bel enthousiasme. Notamment à propos du matériel technologique qui les entoure. «Il s’agit de supports informatiques indispensables à une telle entreprise. Ils permettent de programmer, coordonner, simplifier de bout en bout le processus de fabrication ».

Même si l’innovation technologique et les effets spéciaux jouent un rôle déterminant dans la fabrication d’un film d’animation de cette taille, la technique, la plus performante soit-elle, ne saurait remplacer la créativité humaine. Les coups de crayons et autres esquisses qui ont donné naissance à Max le renard, le héros du film, en témoignent.

La réalisation de cette œuvre a nécessité la participation de nombreux spécialistes. «Nous avons dû faire appel à des compétences très pointues, c’est pourquoi nous nous sommes adressés aux meilleurs professionnels en France, en Angleterre et en Belgique. Le film est donc le fruit d’une collaboration européenne, sans laquelle rien n’aurait été possible», souligne Frédéric Guillaume.

Doper la discipline

Le résultat de cette vaste coproduction aux racines helvétiques a d’ores et déjà été couronné lors de la dernière édition du Festival international du film d’animation d’Annecy, où «Max & Co» a remporté le Prix du public. «Une grande satisfaction », se réjouissent les deux Fribourgeois.

La Suisse, souvent dépeinte comme un petit pays terne et monotone serait-elle aussi un tremplin de l’expression artistique? «Oui, en Suisse, il y a une créativité foisonnante et les auteurs sont nombreux. Malheureusement, nous ne disposons pas d’une véritable industrie du cinéma d’animation. Du coup, chacun fini par travailler dans son coin et redimensionner ses ambitions à la baisse», regrette Frédéric Guillaume.

«Nous nous battons afin que le cinéma d’animation soit considéré comme relevant du septième Art à part entière. Le langage artistique est le même, il n’y a que la méthode de production qui change, parce que le film d’animation demande une énorme préparation».

De son côté, Nicolas Bideau patron de la Secttion cinéma à l’Office fédéral de la Culture (OFC), ne cache pas son engouement pour cette forme cinématographique. Il a d’ailleurs l’intention de profiter de la sortie du film pour promouvoir davantage le cinéma d’animation.

«Je pense que notre pays doit encourager cette forme de cinéma. Nous pouvons compter sur des créateurs de talent, mais ils sont encore peu connus», constate-t-il.

Loin de Mickey et Donald

Au cours de leur enfance, les jumeaux Guillaume n’ont jamais manifesté d’intérêt particulier pour les héros de Walt Disney. Ils ont grandi dans un foyer dépourvu de télévision, et n’ont pas été biberonnés aux aventures de Donald, Mickey & Co.

C’est presque le hasard qui les a conduits vers l’animation. «Nous avions réalisé un court métrage en autodidactes, convaincus dès le départ qu’on en resterait là une fois le travail terminé. En réalité, notre intérêt pour l’animation n’a cessé de croître…», expliquent-ils.

Joyeux et sérieux à la fois, Frédéric ajoute: «Etre créatifs ne signifie pas s’asseoir autour d’une table et se marrer. A ce niveau, le cinéma d’animation demande un travail considérable, de la concentration et une bonne capacité de contrôle. Il faut rester lucide en permanence pour ne pas perdre le fil, être flexible et s’adapter aux changements continus qui rythment l’avancement des travaux».

Fable sociale

Max, le renard ado héros du film, est lui aussi le fruit d’un long labeur. «Au début du scénario, il était très jeune, il n’avait que six ans. Après quelques adaptations, il en avait déjà sept. Finalement, à la fin du story-board, il était âgé de 15 ans! La trame de l’histoire a aussi évolué en cours d’écriture. Nous lui avons ajouté une dimension affective, puisque Max part à la recherche du père qu’il n’a jamais connu», ajoute l’un des jumeaux.

Max et les autres personnages du film sont incarnés par des marionnettes de silicone et de latex. Ces poupées ont été fabriquées avec un soin extrême. Leur expression faciale, articulée par un mécanisme intérieur, est d’une finesse éblouissante et leurs vêtements bougent et tombent à la perfection.

A priori, «Max & Co» réunit tous les ingrédients pour bénéficier d’une belle carrière internationale dans les salles obscures…

swissinfo, Françoise Gehring, Locarno
(Traduction et adaptation de l’italien: Nicole della Pietra)

Le budget de «Max & Co»: 30 millions de francs.
Durée du tournage: 38 semaines.
27 plateaux de tournage ont été installés sur une superficie de 4’500 m2.
130 collaborateurs ont contribué à la scénographie, à l’animation, ainsi qu’au montage et à la production.
80 collaborateurs de la société Mackinnon & Sauders à Manchester (Chicken Run, Corpse Bride), ont confectionné les 150 marionnettes nécessaires au tournage
Les effets spéciaux ont été conçus par une équipe de 20 personnes basées en Belgique et une dizaine de collaborateurs ont réalisé la bande originale du film en France.

L’intrigue: Max, un renard adolescent part à la recherche de son père, qu’il n’a jamais connu. La trame de l’histoire a pour toile de fond les manigances d’un redoutable fabricant de tapettes à mouches, qui effraie les habitants de la ville. Max a une amie, Félicie, avec laquelle il partage ses péripéties.

Le long métrage de Frédéric et Samuel Guillaume à été conçu à Romont, dans le canton de Fribourg.

Il réunit une brochette de spécialistes, dont le Tessinois, directeur de la photographie Renato Berta, le compositeur et musicien français Bruno Coulais, la jeune animatrice belge Guionne Leroy (Toy Story, Chicken Run).

Lorànt Deutsch, Amélie Lerma, Virginie Efira, Patrick Bouchitey, Denis Podalydès, Micheline Dax et Tonie Marshall sont les acteurs français qui prêtent leur voix aux principaux personnages de «Max & Co».

Sortie en salle prévue le 12 décembre.

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