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«Paroxysme émotionnel» de la crise financière

La crise financière américaine fait à nouveau les grands titres de la presse suisse. swissinfo.ch

«Le jour d'après», «Le krach des géants», «Coup de tonnerre terrifiant»: ces titres résument l'atmosphère de fin du monde qui régnait lundi sur les places financières. Mais la majorité des commentateurs estiment que la crise pourrait être salutaire à long terme.

«Sous nos yeux, en direct, le système financer dans son ensemble semble vaciller pour de bon», observe la Tribune de Genève. Qui s’empresse de relativiser: «Foin de catastrophisme, la crise sera longue à digérer (2000 milliards de dollars risquent de partir en fumée), mais elle sera digérée. Viendra alors le temps des sanctions d’un monde de la finance devenu fou.»

«Mue profonde mais salutaire»

«Si personne ne peut affirmer que nous avons touché le fond, il semble certain que cette crise a atteint hier son paroxysme émotionnel», relève l’Agefi. Le quotidien économique admet que «le spectre de la récession se fait plus net», mais que le remède est dans «une remise en question de la stratégie du temple de la finance mondiale». Conclusion: celle-ci «ne s’effondrera pas maintenant, elle entame une mue profonde, certes longue, mais salutaire».

La Neue Zürcher Zeitung partage cette sérénité. Les cours ont chuté tout autour de la planète, «mais un orage n’apporte pas seulement de la foudre et du tonnerre, il purifie aussi l’atmosphère».

Suisses flegmatiques

La Liberté, elle, revient sur le «flegme» affiché lundi par la Commission fédérale des banques. Le quotidien fribourgeois s’amuse de constater qu’«après avoir joué le jeu de la mondialisation tous azimuts, les instances officielles font comme si une muraille de Chine séparait tout à coup Wall Street de la Paradeplatz de Zurich».

De même, l’Aargauer Zeitung trouve le ministre des Finances Hans-Rudolf Merz «quelque peu candide» lorsqu’il affirme que les événements américains n’affectent pas notre économie.

Et d’espérer qu’on se trompe en laissant chuter le prix du pétrole de 5%, en revendant à tout va ses actions, et surtout, «que les pessimistes se trompent quand ils ne croient plus les experts».

Le Temps relève que, en décidant cette fois de ne pas mettre la main au porte-monnaie, les autorités américaines ont «parié» sur la force du système financier. «D’un point de vue moral, c’est juste, d’un point de vue économique, c’est risqué», juge le quotidien romand.

Crise globale

En 1929, «les banquiers se jetaient par les fenêtres, aujourd’hui, les petites mains partent avec leur boîte en carton et les gros bonnets comptent les millions qui restent», commente le Blick. Le journal de boulevard s’inquiète prosaïquement de la gestion des caisses de pensions suisses. «Comme avec l’UBS, les investissments totalement sûrs ne valent plus un clou d’un jour à l’autre».

Comme la plupart des commentateurs, Le Temps rejette aussi le spectre de la répétition du krach de 1929. Ce qui a changé, c’est l’interconnexion des marchés mondiaux qui fait que nous vivons une «crise globale, mêlant bourses, matières première, énergie, finance».

Malgré les incertitudes il faut apprendre à vivre, ce qui est sûr, c’est que «l’Amérique, que ce soit celle d’Obama ou celle de MacCain, sera affaiblie». La conséquence de la crise financière n’est donc pas financière, mais géopolitique.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Dans la nuit de dimanche à lundi on apprenait la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers et la reprise de Merril Lynch par son concurrent Bank of America pour 50 milliards de dollars.

En outre, AIG, le plus gros assureur du monde, cherche frénétiquement 40 milliards de dollars pour garder la tête hors de l’eau.

Dans la foulée, dix banques, dont UBS et Credit Suisse, ont annoncé la création d’un «fonds de solidarité» de 70 milliards de dollars dans lequel chacune peut, puiser 20 millions en cas d’urgence.

La Banque nationale (BNS) a injecté sur le marché plus de 8 milliards de francs, soit deux fois plus de liquidités que d’habitude, afin que les banques puissent faire face à la chute des bourses (-3,83% à la Bourse suisse).

Après la faillite de Lehman Brothers, «l’heure est à l’inquiétude générale», a relevé Thomas Jordan, membre du directoire de la BNS, à la télévision alémanique SF.

On ne sait en outre pas encore qui va devoir prendre en charge les pertes de Lehman Brothers, a-t-il encore relevé. Selon lui, d’autres pertes d’actifs sont possibles, «ce qui pourrait peser sur d’autres banques», s’est-il inquiété.

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