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15, rue des Bains

A tour de rôle, les locataires se déguisent en Mme Berger. swissinfo.ch

La salle Arditi était archi-comble, mardi soir. Le tout-Genève s´est déplacé pour voir le film suisse de Nicolas Wadimoff «15, rue des Bains» en compétition dans le cadre du Festival Cinéma tout écran. Un petit bijou.


«Drôle de coutume qu’une propriétaire lègue à sa mort son immeuble à ses locataires», confie l’habitante turque de l’immeuble – 15, rue des Bains – à son mari, qui, sur le palier, rétorque à son épouse que «ce n’est pas si étonnant, tant la Suisse regorge d’argent!»

Le ton est donné. Le décor est planté. Le cinéaste Nicolas Wadimoff (c’est son 3e long métrage) raconte l’histoire d’une vieille dame mystique qui meurt en demandant son thé. Madame Berger aime ses locataires et leur lègue son vieil immeuble en plein cœur de Genève.

Seulement voilà, sa nièce (bourgeoise en faillite) ne l’entend pas de cette oreille et désire revendre la bâtisse en tant qu’héritière légitime. Pour ce faire, elle a engagé un vigile qui, de sa voiture, surveille nuit et jour la vieille dame indigne. Il la croit toujours en vie. Car les locataires, à tour de rôle, se mettent à imiter Dame Berger devant sa fenêtre dans ses pratiques religieuses hindouistes.

Une image magnifique illumine l’écran. Le cadavre de la propriétaire allongé dans une barque accrochée sur le toit d’une camionette filant à vive allure sur un chemin de campagne. Conformément aux dernières volontés de Mme Berger, ses locataires doivent en effet brûler son corps.

Ce conte qui rejoint avec pertinence et justesse la réalité quotidienne de la vie dans un immeuble dévoile progressivement le caractère de chacun des locataires. Mieux, l’intrigue les pousse tous dans leurs derniers retranchements psychologiques. Les confronte les uns contre les autres. Pour les unir à nouveau les uns avec les autres, lors du dénouement.

En effet, alors que l’immeuble va être revendu par la nièce de la défunte, l’un des locataires retrouve chanceusement dans le thermos de thé cassé le testament de Mme Berger léguant sa maison à ses locataires bien-aimés. Et les habitants du vieil immeuble – 15, rue des Bains – de finir perchés sur un arbre, chacun sur sa branche, savourant leur nouveau statut de propriétaire.

Nicolas Wadimoff a réussi un tour de force: tourner un film qui tient la route avec la crème des comédiens suisses romands, tels Martine Paschoud, Florence Quartenoud, Maria Mettral, Laurent Sandoz, Christian Gregori ou encore Jean-Alexandre Blanchet (Et on en oublie!).

La Télévision Suisse Romande coproduit le film. Elle a vu juste. Bon nombre de ses représentants sont d’ailleurs venus visionner cette première mondiale. Reste à savoir maintenant si ce film pourra faire carrière au-delà des frontières helvétiques.

Toujours est-il que certains acteurs trahissent sur l’écran les défauts de leurs qualités. Un jeu par trop théâtral qui, par moments, passe mal au cinéma. Mais ce n’est qu’un petit bémol. Car – 15, rue des Bains – fait assurément partie de ces longs métrages (90′) qui, à l’image de «Chacun cherche son chat» de Cédric Klapisch, peuvent séduire la terre entière, par leur côté intimiste, humoristique et surtout tellement vrai.

Emmanuel Manzi

En rediffusion samedi 4 nov. à 10h, CAC Voltaire Langlois

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