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1er mai à Zurich: quatre fois plus d’arrestations que l’an dernier

Manifestant masqué ce 1er mai à Zurich. Keystone

La fête du travail a été marquée à Zurich par des échauffourées, comme lors des années précédentes. Mais l'important dispositif policier mis en place a permis de contenir les extrémistes. Plus de 200 manifestants ont été interpellés, contre une quarantaine l'an passé.

Des pétards, des balles en caoutchouc, des relents de gaz lacrymogènes jusqu’en plein centre ville. Fidèles à ce qui ressemble désormais à une tradition, plusieurs centaines de manifestants anticapitalistes ont passé presque tout l’après-midi de mardi à jouer au chat et à la souris avec les forces de police.

Dernier acte d’une journée de fête du travail entamée en plein Kreis 4, le quartier ouvrier de Zurich.

Sur le coup de 10 heures, le cortège, gros de 6000 à 10 000 personnes s’ébranle et les banderoles défilent. Il y a, bien sûr, les syndicats, mais également des représentants des partis de gauche, les défenseurs des demandeurs d’asile.

L’un des points forts de cette année: la démonstration de solidarité à l’égard des Palestiniens dont un groupe participe au cortège, aux côtés des Kurdes et des Tamouls.

Au milieu du défilé: plusieurs dizaines de jeunes – dont certains masqués – suivent la banderole du mouvement d’extrême gauche Revolutionäre Aufbau (Reconstruction révolutionnaire).

Midi: après avoir traversé la ville, tout le monde se retrouve sur la place de la gare et les orateurs se succèdent à la tribune officielle. Les jeunes réunis autour de Aufbau, eux, se préparent déjà pour la «Nachdemo», l’émeute qui suit fatalement le cortège officiel depuis plusieurs années.

Par petits groupes, ils enfilent la panoplie de l’émeutier: habits noirs, lunettes de protection, cagoule ou foulard sur le visage, certains ont un masque ou un casque. De minuscules billets, avec quelques instructions, circulent de mains en mains.

Andrea Stauffacher, l’une responsables de l’Aufbau, condamnée à 6 mois de prison, suite à un précédent premier mai, passe parmi les manifestants. Elle crie dans son mégaphone: «La manif c’est maintenant».

Militants politiques, hooligans de gauche? Ils sont, pour la plupart, très jeunes. Ils ont entre 15 et 20 ans. Que veulent-ils? «Nous voulons faire passer un message révolutionnaire, différend de celui du cortège officiel, expliquent deux manifestants masqués. Nous nous battons contre la globalisation, le capitalisme».

A la tribune officielle, Leila Khaled, l’invitée controversée de ce 1er mai, est arrivée. Ex-pirate de l’air, la députée palestinienne lance un appel à soutenir l’Intifada. Et condamne très durement la politique du gouvernement israélien, évoquant même «une forme de fascisme».

Mais à peine Leila Khaled a-t-elle terminé, qu’une colonne de manifestants masqués fend la foule et traverse la place en direction d’un barrage de police. La «Nachdemo» a commencé.

Canons à eau, balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes. Aux pétards et aux projectiles – des pierres, des sacs de peinture – des manifestants, les forces de police répliquent.

Les échauffourées vont durer quatre heures, en se concentrant notamment sur les bords de la Sihls l’une de rivières qui traverse la ville. Grâce à un dispositif impressionnant, la police a réussi à interdire à la fois l’accès aux rues commerçantes situées autour de la Bahnhofstrasse et à prendre, à plusieurs reprises, les manifestants à contre-pied.

Résultat: plus de deux cents d’arrestations – soit quatre fois plus que l’année passée. Mais les incidents ont été moins violents, puisque aucun blessé et aucun dégât majeur n’ont été signalés en fin d’après midi.

Pierre Gobet, Zurich

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