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A Genève les humanitaires rongent leur frein

L'acheminement de l'aide humanitaire en Irak pose de nombreux problèmes. Keystone

Les 90 participants de la réunion humanitaire organisée par la Suisse n'ont pu que constater leur impuissance à agir.

Mercredi, à Genève, c’est l’accès aux populations irakiennes – toujours bloqué – qui était au coeur de leurs discussions.

Les deux rencontres – celle de mercredi et celle de la mi-février – visaient à réunir autour d’une même table l’ensemble des acteurs qui sont concernés au plan humanitaire par ce conflit.

Toutefois, cette initiative lancée par la diplomatie helvétique n’a pas encore débouché sur des solutions concrètes.

La faute à qui? A quoi? «Les discussions sont parties dans tous les sens, dit une source diplomatique qui tient à rester anonyme. Les Suisses auraient dû venir avec des idées plus percutantes.»

Des corridors humanitaires

C’est l’accès aux victimes de la guerre, à l’intérieur de l’Irak, par la mise en place de corridors humanitaires, qui est actuellement au centre du débat.

Selon le directeur de l’aide humanitaire au ministère helvétique des Affaires étrangères, qui présidait la réunion de mercredi à huis clos, plusieurs pays et institutions soutiennent cette idée.

Mais, dit Toni Frisch, pour que cette idée devienne réalité, des consultations supplémentaires sont nécessaires.

En clair, une coordination claire doit être mise ne place avec les puissances belligérantes et l’Irak lui-même, ainsi qu’avec le CICR et la Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-rouge.

Des obstacles multiples

Cela dit, la Suisse n’a pas la tâche facile. n effet, l’acheminement de l’aide humanitaire à l’intérieur de l’Irak se heurte à de multiples obstacles d’ordres militaires, politiques, voire pratiques.

La responsable du ministère de la planification jordanienne Hala Bsaio Lattouf rappelle que les autorités irakiennes n’ont toujours pas donné leur feu vert aux humanitaires.

Actuellement, seuls le CICR et quelques autres rares ONG peuvent travailler sur place, en Irak.

Les autres sources de blocage

Mais ça n’est pas la seule source de blocage. Le contrôle des opérations humanitaires continue en effet d’opposer les Etats Unis et les pays qui veulent le confier à l’ONU.

En outre, l’intensité des combats qui se déroulent actuellement en Irak pose d’évidents problèmes de sécurité aux acteurs humanitaires.

Enfin, l’objectif initial de ces réunions humanitaires de Genève – la question des réfugiés dans les pays voisins de l’Irak – n’est toujours pas d’actualité.

La plupart des civils irakiens ne sont en effet toujours pas en mesure de fuir leur pays, même si d’importants mouvements de populations ont été constatés à l’intérieur de l’Irak.

Des ébauches de réponses

Pour Toni Frisch, la réunion de Genève n’avait pas l’ambition ni les moyens de résoudre l’ensemble de toutes ces questions.

Mais, ajoute le président de la réunion, la rencontre de mercredi visait tout de même à identifier des problèmes concrets et à ébaucher quelques réponses.

Les consultations vont donc se poursuivrent. En espérant que la plate-forme de discussions initée par la Suisse débouche sur des solution concrètes.

swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

Pour 2003, la contribution humanitaire suisse en faveur de l’Irak se monte déjà à 6,5 millions de francs.
L’ONU et ses agences ont reçu 4 millions francs.
Le CICR a obtenu 1,5 millions francs.
Un million de francs a été réparti entre plusieurs ONG et la Fédération internationale de la croix rouge et du croissant rouge.

– Le 16 février, à l’initiative de la Suisse, 21 agences humanitaires et une trentaine d’Etats (dont la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Iran, la Jordanie, le Koweit, l’Arabie Saoudite, la Syrie et la Turquie) avaient participé à une première réunion du même type au niveau d’ambassadeurs ou d’experts.

– Entre les deux réunions, des diplomates suisses se sont rendus en Jordanie, en Iran et en Syrie.

– L’Irak n’a été invité à aucune de ces rencontres. Mais Bagad est tenue informé du contenu des débats.

– Les Etats-Unis, qui avaient décliné l’invitation en février, étaient présents mercredi à Genève.

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