Des perspectives suisses en 10 langues

A l’opéra de Montréal, “The Wall” triomphe là où l’idée a germé

Roger Waters, ici en concert à Zurich en 2013, a été longuement ovationné lors de la première de l'opéra "The Wall" samedi à Montréal (archives). KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Pour sa première adaptation mondiale à l’opéra, “The Wall” de Pink Floyd a remporté un énorme succès samedi à Montréal. C’est aussi dans la métropole québécoise que l’idée de cette oeuvre a germé il y a quarante ans dans l’imaginaire de Roger Waters.

Debout, la foule a applaudi de longues minutes le bassiste et âme du groupe Pink Floyd. Roger Waters a été invité par la troupe de chanteurs et de choristes à les rejoindre sur scène pour saluer à la tombée du rideau sur un opéra digne des grands classiques.

Pour “The Wall”, tout est parti en 1977 d’un crachat de Roger Waters sur un fan au stade Olympique de Montréal, au dernier concert d’une longue tournée. Usé et déprimé, Roger Waters puise de cet épisode la trame d’un opéra-rock, sorti en 1979. Il en écrit la quasi-totalité même si la guitare de David Gilmour contribuera largement au succès du double album le plus vendu au monde.

Mur métaphorique

Dans “The Wall”, le musicien procède à l’introspection de son mal-être. A son image, Pink, le personnage central, s’enferme et s’isole au fil de sa vie, surprotégé par sa mère après la mort du père à la guerre, trompé par son épouse et s’égarant dans des détours propres aux rock stars.

Avec ce mur métaphorique – illustré par un décor sobre mais vivant grâce aux effets vidéo -, le spectateur est vite renvoyé à réalité géo-politique ambiante. Un peu partout dans le monde, des murs sont érigés pour, le plus souvent, empêcher des migrants de trouver le réconfort après le désespoir. Comme Pink dans “The Wall”.

La symbolique, Roger Waters pense d’ailleurs la transposer jusqu’à la frontière mexicano-américaine, là où Donald Trump veut ériger un mur, pour y rejouer “The Wall” en concert.

Pas loin de l’esprit rock

Le compositeur québécois Julien Bilodeau, à peine plus âgé que l’oeuvre des Pink Floyd, a réécrit une composition lyrique sans s’éloigner de l’esprit rock. Le résultat ravit l’amateur d’opéra sans choquer les nombreux fans de Roger Waters.

Dominic Champagne a signé une mise en scène à la mesure de ce monument de la musique des années 80. Une soixantaine de choristes acteurs illustrent, scène après scène, l’enfer de l’enfermement. C’est le baryton Etienne Dupuis qui incarne avec réussite Pink dans le spectacle intitulé “Another Brick In The Wall”, référence directe au célèbre morceau du double-album.

Trois soirées ont été ajoutées aux sept prévues initialement par l’opéra de Montréal. Les promoteurs prennent les contacts pour voyager, d’abord en Amérique du Nord avant de penser franchir l’Atlantique.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision