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A Zurich, le 1er mai est chaud

L'an dernier, les dégâts s'étaient élevés à plusieurs centaines de milliers de francs. Keystone Archive

Malgré les mesures prises par les autorités, tout le monde s'attend à de nouvelles émeutes à l'issue de la manifestation officielle du 1er mai, en ville de Zurich. Et la présence, parmi les orateurs invités, d'une ancienne pirate de l'air palestinienne n'arrange pas les choses.

C’est désormais une tradition, à Zurich. Comme dans beaucoup d’autres villes de Suisse, il y a certes un cortège, des orateurs, une fête populaire. Mais il y a aussi la «Nachdemo», une émeute annuelle, où s’affrontent militants d’extrême gauche et policiers. Bilan, pour l’édition 2000, plusieurs blessés, des centaines de milliers de francs de dégâts et une quarantaine d’interpellations.

Nous ne voulons plus de cela. C’est, en substance, ce que les autorités de la ville ont annoncé, la semaine passée, en promettant de faire tout leur possible «pour empêcher toute forme de débordements violents.» Le lieu d’arrivée du cortège officiel – point de départ de la «Nachdemo» – a aussi été déplacé, devant la gare centrale. Certains s’en inquiètent d’ailleurs, puisque tout doit se dérouler à quelques pas de la très commerçante Bahnhofstrasse.

De l’autre côté, on semble en tout cas prêt à en découdre une nouvelle fois. «Après le cortège, nous voulons porter notre message dans la rue et montrer qu’il peut très bien y avoir une alternative révolutionnaire au capitalisme existant» lit-on sur des affiches signées de l’organisation Revolutionärer Aufbau (reconstruction révolutionnaire).

Une cible en particulier est désignée pour cette année: la place financière suisse, qui notamment «joue un rôle important pour l’argent sale de nombreux dictateurs». Revolutionärer Aufbau donne, par ailleurs, sur son site web, un véritable mode d’emploi à l’usage de l’émeutier, intitulé «Comment se comporter avant, pendant et après la manif».

L’autre point de tension de ce 1er mai zurichois, c’est l’invitation, comme oratrice officielle de la manifestation, de Leila Khaled, une militante palestinienne, auteur, il y a trente ans, de plusieurs détournements d’avions. A Zurich, les critiques ont fusé. Venant de la communauté juive d’abord, elles ont été reprises par les partis de droite.

Mais la polémique s’est élargie en divisant la gauche. Ainsi, le groupe socialiste au Parlement cantonal a dénoncé l’invitation de l’ex-terroriste, la qualifiant de «provocation à l’encontre de la gauche démocratique et des forces démocratiques du canton».

Les syndicats ont, eux aussi, été pris dans la controverse. Ils ont d’abord soutenu la venue de Leila Khaled, avant de s’en distancier, en posant un ultimatum aux organisateurs, puis, finalement, de revenir ce week-end sur leur position. Leila Khaled, aujourd’hui députée du FPLP, le Front populaire de libération de la Palestine, prendra donc bel et bien la parole, ce mardi à Zurich.

Pierre Gobet, Zurich

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