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Le chant du cygne d’une centrale nucléaire suisse

Le 20 décembre à 12h30, la deuxième plus vieille centrale nucléaire de Suisse sera mise hors service. Mühleberg ne s’arrête pas pour des raisons de sécurité mais pour des considérations économiques. Quelques heures avant de tirer un trait sur 47 ans de production énergétique, l’exploitant de la centrale semble convaincu d’avoir tout sous contrôle.

La deuxième plus ancienne centrale nucléaire de Suisse cesse toutes ses activités ce 20 décembre à 12h30. Pour des raisons économiques, son exploitant BKWLien externe a décidé de mettre la clé sous la porte après 47 ans de production d’électricité. Personne ne semble craindre d’incidents lors de cet arrêt, aucune mesure particulière n’a été prise pour protéger la population.

Les responsables de la centrale de Mühleberg de même que l’autorité de surveillance, les médias et les opposants à l’énergie atomique semblent convaincus que tout va bien se passer. Les seuls risques mentionnés sont les coûts à charge des contribuables ou des actionnaires, l’approvisionnement en électricité et l’élimination définitive des déchets nucléaires.


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Va-t-on manquer d’électricité?

En 47 ans d’exploitation, la centrale située à quelques kilomètres à l’ouest de Berne a produit environ 3000 gigawattheures d’électricité par an. Cela représente environ 5% des besoins sur le territoire suisse. Pour garantir l’approvisionnement après l’arrêt de Mühleberg, la société BKW peut obtenir du courant sur le marché européen.

Comme les conditions-cadres ne sont pas idéales en Suisse pour étendre la construction d’infrastructures hydrauliques et éoliennes, BKW investit avant tout dans des parcs éoliens situés dans les pays voisins et en Scandinavie.

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Fukushima a-t-il sonné le glas du nucléaire?

Depuis la catastrophe de Tchernobyl, les opposants au nucléaire n’ont cessé de réclamer la mise hors service des plus anciennes centrales de Suisse. Leur demande a trouvé plus d’écho auprès de la population après la catastrophe de Fukushima.

Mais d’après BKW, ce sont des considérations économiques qui ont finalement joué un rôle majeur dans la décision d’abandonner l’exploitation de Mühleberg.

Que vont devenir les déchets radioactifs?

Après l’arrêt du réacteur, le couvercle du conteneur pressurisé restera fermé pendant encore trois mois. Durant cette période, la radioactivité sera réduite de mille fois par rapport au régime d’exploitation. Le démontage des turbines, des générateurs et des condensateurs peut commencer immédiatement.

Le cœur du réacteur, les éléments combustibles, seront ensuite extraits et transférés dans un bassin de refroidissement séparé, puis stockés pendant plusieurs années afin que le rayonnement puisse diminuer.

Pourquoi le démantèlement dure-t-il 15 ans?

D’ici 2024, tous les éléments combustibles seront transférés dans le lieu de stockage intermédiaire des déchets hautement radioactifs, à Würenlingen, dans le canton d’Argovie. Selon l’exploitant, 98% de la radioactivité quittera ainsi la centrale de Mühleberg. Personne ne sait encore où un dépôt de stockage durable sera construit en Suisse.

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D’ici 2030, les installations appartenant à la partie nucléaire de la centrale seront démantelées.

Au total, 6000 tonnes de matériaux (moins de 2% de l’ensemble des déchets) seront préparées comme déchets radioactifs, afin d’être déposées dans des couches géologiques profondes. Les 98% restant (200’000 tonnes) seront recyclés ou éliminés comme déchets de construction.

D’ici 2030, 200 personnes en moyenne seront impliquées dans le processus.

Entre 2030 et 2034, les bâtiments qui ne sont plus nécessaires seront démolis. À partir de 2034, la zone pourra être utilisée à d’autres fins.

La construction de la centrale nucléaire de Mühleberg dans les années 60 a duré cinq ans et a coûté 302 millions de francs suisses. Le démantèlement et l’élimination prendront 15 ans et coûteront 2,1 milliards.


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Traduction de l’allemand: Marie Vuilleumier

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