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Adolf Ogi veut créer un «réflexe sport» à l’ONU

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Adolf Ogi vient de passer deux jours à New York, dans le cadre de ses nouvelles fonctions de conseiller spécial des Nations unies pour le sport au service du développement et de la paix. L'occasion pour l'ancien président de la Confédération de rencontrer le secrétaire général Kofi Annan, auprès de qui il a défendu un double slogan: «le sport doit aller à l'ONU, et l'ONU doit aller au sport».

swissinfo: Quelles impressions retirez-vous de vos premiers contacts avec les responsables de l’ONU?

Adolf Ogi: J’ai remarqué que trop souvent, le sport est oublié. Des programmes pour les enfants sont développés, mais le sport en est absent. Je suis persuadé qu’après toutes ces discussions, les choses vont changer.

Ce n’est pas à moi seul de promouvoir le développement du sport. Les agences de l’ONU devront l’intégrer dans leurs programmes. Mais je crois que je suis parvenu à sensibiliser, à motiver les responsables. Et j’ai le soutien total de Kofi Annan.

– Vous aurez donc davantage un rôle d’impulsion.

A.O. Oui. Comme je l’ai déjà fait en mars dernier, je vais travailler à créer un réflexe sport dans la mise en oeuvre des politiques internationales, de même qu’il existe aujourd’hui un réflexe environnement. Mon travail sera basé sur un double slogan : le sport doit aller à l’ONU, et l’ONU doit aller au sport.

– Que peut faire le sport pour la communauté internationale?

A.O. Le sport joue déjà un rôle très important dans la société. Rappelez-vous quand les deux Corées sont entrées sous une même bannière aux Jeux olympiques de Sydney… Le sport peut être une grande chance, je pense surtout aux enfants. Dans les combats, dans les conflits culturels, le sport peut créer des liens, intégrer, apprendre à vaincre sans penser qu’on est le meilleur ou à perdre sans penser que c’est la fin du monde. Et puis le sport peut amener à respecter des règles, la discipline.

Tout cela est très positif si vous voulez construire une société démocratique. Evidemment, il faut être réaliste. Le sport ne peut être qu’un élément parmi d’autres, et tout cela prendra beaucoup de temps. Ce que nous semons ici aujourd’hui, on en récoltera les fruits dans 20 ans.

– Tous ces projets semblent un peu abstraits. Avez-vous des idées concrètes?

A.O. Plusieurs choses se préparent en vue des Jeux olympiques d’hiver de Salt Lake City. Avec l’accord des fédérations, les médaillés olympiques pourraient prendre en charge la scolarité d’un enfant du tiers monde pendant dix ans. De même, les trois premiers des championnats du monde de football pourraient s’engager à mettre en place une école de football dans un pays pauvre. Ils prendraient en charge l’infrastructure, les entraîneurs…

Ces mesures seraient peu coûteuses mais le symbole serait très fort. Cela voudrait dire que ceux qui gagnent n’oublient pas, dans ces moments marquants, ceux qui n’ont pas les mêmes chances, qui sont pauvres et qui ont vraiment besoin d’aide.

– Comment se sont déroulées vos retrouvailles avec Kofi Annan?

A.O. Très bien, sans problème. Il veut que les choses bougent, que les Nations unies s’occupent du sport et offrent au sport des possibilités. Je dois me faire l’avocat du sport, mettre en évidence son importance, et représenter Kofi Annan auprès de la presse et dans les grandes manifestations sportives mondiales. Il m’a donné une mission claire et il la soutient à fond.

– Avez-vous la sensation que votre rôle est pris au sérieux en Suisse?

A.O. Je suis très content, car je n’ai jamais rien demandé au Conseil fédéral, mais il m’a mis à disposition 60 000 francs de budget de voyage et 60 000 pour les frais généraux, plus deux assistants. Ce soutien m’aidera à mieux fonctionner.

Ce que je fais, je le fais de façon bénévole, je suis payé un dollar par an. Je ne travaille pas à plein temps, ce n’est pas l’idée, mais j’essaye de profiter de chaque occasion pour mettre en évidence l’importance du sport dans notre société. J’ai beaucoup d’idées et le message passe très très bien.

Propos recueillis par Philippe Bolopion à New York

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